Quand une assistante sociale succombe… à la délation !

J’ai relayé, à différentes reprises, les mobilisations de différents fonctionnaires, travailleurs sociaux, associations et mouvements divers (dernier en date : collectif alerte sociale 91), luttant pour que leurs missions ne soient pas détournées, voire récupérées.
Le mouvement « pas de zéro de conduite » a également participé à cette prise de conscience.

Prise de conscience ?
Oui. Que le mélange des genres, la confusion des missions, la judiciarisation croissante, la tentation de l’enfermement et de la répression à tous prix, et j’en passe, entraînent des dérives inadmissibles dans une démocratie… et très dangereuses pour les droits de l’humain.
Parce qu’il est inadmissible, déontologiquement, que certaines « commandes » soient faites à certains professionnels. Des commandes, au sens entreprenarial du terme, qui consistent, sous différentes formes, en des appels à la dénonciation, à l’utilisation d’informations recueillies dans l’exercice professionnel à d’autres fins que celles prévues par la fonction.

Mais si certains professionnels résistent, s’interrogent, s’insurgent, le climat ambiant ne peut que favoriser, voire inciter, ces actes de dénonciation.
Maître Eolas, qui n’a nul besoin de ma publicité, et peut difficilement être soupçonné de démagogie condescendante, ou de coeur d’artichautisme, vient de relater une de ces dénonciations : Dénonciation.
Le même qui, il y a quelques jours, avouait avoir quelque peu perdu ses moyens (enfin, c’est sans doute très relatif) face à une situation humainement intenable : Papy !.

Il doit bien sûr y en avoir d’autres, des dénonciations, sans doute des pires… Encore que pire qu’une dénonciation…
Qu’il y en ait une qui soit relatée sur le blog de maître Eolas me semble cependant exemplaire.
Exemplaire aussi que cette dénonciation soit le fait d’une travailleuse sociale.

Il n’est bien évidemment pas question pour moi de jeter l’opprobre sur cette assistante sociale.
Mais on peut difficilement penser, à la lecture du PV, que cette démarche ait eu la moindre motivation de protection…
Quelle motivation alors, sinon le désir de répondre à une injonction subliminale, qui lui en a ôté tout esprit critique et éthique.

Pourtant cette assistante sociale a dû penser bien faire…
Bien faire en répondant aux injonctions de surveillance, de soupçons, de dénonciation…
Bien faire en bon petit soldat de la République, dont on sait qu’une des actions prioritaires est la reconduite çà la frontière de 25 000 sans papiers.
Bien faire en violant le secret professionnel auquel elle est tenue.
Bien faire en débordant du cadre de sa mission.
Bien faire en utilisant des informations recueillies dans le cadre de sa fonction à d’autres fins que ce pour quoi elle est dûment mandatée.

Voilà qui n’est pas très rassurant quant à l’état de notre République !
Et qui ne peut que nous inciter à rester très vigilants…
Pour que la dérive ne devienne pas la règle, et que les glissades ne se multiplient pas.

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