Une Europe qui protège ?

Nicolas Sarkozy a souligné, dans son discours au Conseil National de l’UMP à quel point l’Europe avait protégé la France des dérives de la politique voulue par les gouvernements de gauche… (voir Sarkozy, la grève et la démocratie : vive le changement !)

Il clame par ailleurs qu’il faut réhabiliter l’image de l’Europe, trop éloignée des préoccupations immédiates des citoyens.
Tout en soulignant que les politiques sociales doivent rester l’apanage des Etats…

C’est dans ce contexte que nos ministres sociaux (le ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité, Xavier Bertrand, le secrétaire d’État en charge des Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, la secrétaire d’État chargée de la Solidarité, Valérie Létard, la secrétaire d’État chargée de la Famille, Nadine Morano et le haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch) se fendent d’un communiqué… dans le Figaro !

Que nous dit donc ce communiqué ?
Essentiellement qu’il est temps de communiquer, et de faire oeuvre de pédagogie…
Une pédagogie en effet plus que nécessaire pour nous expliquer que l’Europe peut protéger les droits de ses citoyens, des travailleurs, et autres précaires (ou en voie de précarisation)…

Extraits :
Et cette Europe-là, c’est avant tout une Europe plus protectrice, plus solidaire. C’est une Europe qui leur parle de leurs conditions de travail, du retour à l’emploi ou encore du congé parental, ou encore des moyens à mettre en œuvre pour lutter efficacement contre la pauvreté. Disons les choses clairement : c’est une Europe plus sociale. [...]
Nous devons nous engager, dans chacune de nos visites, à l’illustrer, à la traduire en chiffres, en heures de formation, en bâtiments construits, en droits sociaux acquis, à redire ce qu’elle fait pour l’emploi, la solidarité, la lutte contre la pauvreté, la conciliation entre vie familiale et professionnelle, ou encore la lutte contre les discriminations. [...]
Il faut le dire et le faire savoir : l’Europe protège et aide ses citoyens.

Une Europe qui pour l’instant n’a guère protégé les français face au démantèlement des acquis sociaux…
A l’heure où le Parlement français examine (et vote) le projet de loi sur la démocratie sociale, qui propose aux cadres de travailler 235 jours au lieu de 218. Belle avancée !
Au lendemain de la décision européenne de porter le temps de travail hebdomadaire à 65 heures.
Après l’adoption de la directive retour, et au moment où Brice Hortefeux se prévaut de l’adoption du pacte européen pour contre l’immigration.

Mais rassurez-vous :
Oui, l’Europe sociale, c’est une Europe dans laquelle, demain, un salarié qui accèdera à l’emploi par l’intérim aura les mêmes droits qu’un travailleur permanent.
Bon, ça, c’est pas mal… Sauf que ça risque de privilégier les contrats précaires… qui le seront un peu moins !
C’est une Europe qui contribue à mettre en œuvre des voies originales pour lutter efficacement contre la pauvreté par le biais d’une stratégie dite d’inclusion active, combinant revenu minimum et accès à l’emploi. C’est aussi une Europe qui vise à réduire les inégalités sociales, économiques et territoriales.
Ah ???
Pas très visible en France, où les salariés continuent à s’appauvrir, et où l’aménagement du territoire a pris quelques coups avec la réforme de la carte judiciaire, celle de l’armée, et celle qui continue sur la carte hospitalière…
Gageons que le projet de changement de statut de la Poste n’aura pas de meilleurs effets !
C’est une Europe dans laquelle, grâce à l’aide du Fonds social européen, un salarié peut bénéficier d’une formation professionnelle, apprendre un nouveau métier et faire évoluer sa carrière.
Pourquoi, un travailleur n’a pas déjà accès à la formation continue, aux congès individuels de formation, aux reconversions diverses ?
C’est une Europe qui a impulsé la création de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations (Halde) dans notre pays.
C’est vrai qu’avec ça, on est sauvés ! Enfin, si tant est que cette HALDE puisse effectivement avoir les moyens de ses ambitions, pas seulement pour défendre et dénoncer.
Et que par exemple, le plan banlieues soit pérennisé et amélioré, ou que Martin Hirsch obtienne réellement les moyens de financer ses propositions.
Sans compter les conditions de détention déplorables, tant dans les prisons que dans les CRA

Bref, la France et l’Europe ont du pain sur la planche, et ce n’est pas un communiqué, aussi pavé de bonnes intentions soit-il, qui y changera quelque chose.
La communication, pourquoi pas. Mais c’est bien l’action réelle qui changera la vie des citoyens !
Petit rappel au passage : En vue de sa Présidence de l’Union Européenne à partir du 1er juillet, le Ministre du Travail et de la Solidarité a affirmé que “la politique du handicap (était) au cœur des priorités d’action” du Gouvernement. (Europe, handicap… et présidence française !)

Source :

Deux articles de Marianne sur cette vision « protectrice » de l’Europe :
¤ Sarkozy veut une Europe qui protège… le programme de Sarkozy
¤ L’Europe, prochaine victime de la com’ sarkozyste


Tags: , , , , , , , , , , , , , , , , , ,
Cette entrée a été publiée dans discrimination - exclusion, handicap, medias et information, précarité, presse, Société, travail. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.