Pour une réflexion sur la Sécurité Sociale…

Bien sûr, je ne suis qu’une modeste citoyenne, et non une experte…
Mais la valse des chiffres à propos de la Santé, de son prix, de son financement, et du choix de Société qu’ils impliquent, me donnent le tournis, sinon la nausée.

Les mots, les phrases, et la rentabilité, dans ce domaine (comme dans d’autres, bien sûr, mais peut-être de manière plus criante ici), ne suffisent pas !
Non seulement ils ne suffisent pas, mais à l’heure de la Politique de Civilisation (?), ils font rire jaune !!!

L’Hôpital est malade…
Malade de sa gestion, des réformes successives qui n’ont en rien amélioré son état, des 35 heures (l’argument facile, quand on sait que les moyens pour les mettre en place n’ont pas suivi, et qu’en tout état de cause il devient de plus en plus difficile d’embaucher), mais aussi d’une volonté plus ou moins rampante de privatisation, et surtout un contrôle et une évaluation en croissance exponentielle, qui se traduisent par une augmentation exponentielle aussi du personnel administratif aux dépens du personnel soignant, et de l’explosion (littéralement !) des actes administratifs aux dépens des actes de soins.
Tandis que les cliniques privées voient leurs bénéfices en progression constante.
Des cliniques où un acte médical reviendrait en moyenne 30 à 40 % moins cher qu’à l’hôpital… par la grâce du Dieu Capital ?
Ou y a-t-il d’autres raisons, plus purement économiques, et surtout sociales (et liées à l’idée de Service Public), qui pourraient expliquer cette différence de coûts relatifs ?
L’hôpital est de toute évidence à rénover. Mais selon quels critères, « équivalents » pour les cliniques, avec quel service à rendre, et à quel coût ?

Le réseau (ou maillage) de santé est une passoire :
Une passoire dont les trous sont plus ou moins grands en fonction des régions, des villes, des espaces ruraux…
Il semble en tout cas qu’il y ait à réorganiser ce maillage, à repenser et redéfinir les missions de tout un chacun (médecin libéral, clinique, pharmacie, hôpital…). Encore faudrait-il définir des critères dignes de ce nom !

Les « nouvelles technologies » :
Les IRM et autres scanners, mais aussi tous les traitements « pointus » coûtent très cher.
Ce que les gestionnaires appellent le « plateau technique » a un coût, qui peut sembler exorbitant.
Il me semble qu’en la matière le déploiement géographique de ces installations a été relativement bien étudié.
Mais la tendance actuelle est de fermer les « petits hôpitaux » (dans des lieux où généralement il n’y a plus de cliniques, parce que ce n’est pas assez rentable). Quelqu’un a-t-il réellement évalué le coût que pourrait représenter ces fermetures, en termes de déplacements, de surcharge pour les hôpitaux obligés de prendre le relais ? En termes humains aussi, quand les familles ne pourront plus (ou peu) faire des « visites »… Ce qui ne favorisera guère le rétablissement des malades.
Bien sûr qu’il faut veiller à la « sécurité » des soins (c’est souvent l’argument qui est avancé). Mais le recours, si nécessaire, à un hôpital ayant un plateau technique plus conséquent est toujours possible ! L’argument ne tient que de manière très relative…

Les Médicaments :
Apparemment, cette dépense représente littéralement un gouffre.
En premier lieu parce que certains traitements « à la pointe » coûtent effectivement très cher.
En second lieu du fait du vieillissement de la population.
En troisième parce que nous, français, en sommes trop friands.
Mais surtout, quand-même, parce qu’ils nous sont prescrits (l’UFC – Que Choisir parle de gâchis !).
Et il semble bien que dans ce domaine le lobbying des industries pharmaceutiques soit plus prégnant que la politique de santé publique…
Mais il semble aussi que nombre de médecins libéraux ne sachent plus à quel saint se vouer !

La Solidarité :
Le système de « couverture santé » en France est basé sur le principe de la solidarité, c’est à dire que ce sont pas seulement les malades qui paient.
Principe largement remis en cause par les réformes successive, qui tendent à soit-disant « responsabiliser les malades »… considérés en l’occurrence comme des consommateurs.
Bien sûr qu’il doit y avoir des abus, des fraudes, des dérivations diverses et variées. Et lutter contre ceux-ci serait une bonne chose.
De là à culpabiliser les malades, à les faire payer sans autre forme de procès, sur un a priori dogmatique, il y a un pas … de bottes de 7 lieues !
Une « fraude » supposée qui, en tout état de cause, représente une guigne par rapport aux problèmes posés.

Je passe sur le dernier rapport en date de la Cour des Comptes dénonçant le non versement de certaines taxes et autres exonérations pour abonder le budget de la Sécu.

Mais c’est tellement plus facile de s’attaquer aux fraudes et autres abus qu’aux Industries Pharmaceutiques, qui font la pluie et le beau temps, tant les enjeux financiers, et en termes d’emploi sont énormes.
Tellement facile d’attaquer la lourdeur de l’hôpital, alors que toutes les politiques mises en oeuvre ne font qu’alourdir sa gestion et ses contrôles.
Tellement plus facile d’instaurer des franchises multiples que de réfléchir vraiment à une « politique de santé publique ».
Tellement plus facile de s’en remettre à des organismes privés pour gérer et les soins et les « assurances maladie ».

Il semble que nous bénéficions d’un des meilleurs système de protection sociale. Et la qualité des soins est très bonne en France.
Saurons-nous faire en sorte de ne perdre ni l’un ni l’autre ?
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Sur ce thème :
¤ Santé – Industries Pharmaceutiques – Accès aux Soins
¤ Grève des soins : non aux Franchises Médicales !
¤ Le trou de la Sécu creusé par les cliniques privées ?
avec de nombreux liens vers d’autres articles…
et
¤ trou lalahitou de la sécu : pourquoi payez vous plus ?
¤ Médicaments : « la santé des populations aux mains des firmes » – Viva Presse – d’après Prescrire

édité le 25/01/2008 : lire aussi
¤ Malade mais pas responsable ! – Adicie


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