Les « enfants de Don Quichotte : Acte I » : sortie le 22 octobre.

Le 26 octobre 2006, une page se tourne. Celle de l’histoire d’un silence trop long… deux jeunes hommes veulent mettre en lumière monde qui souffre et se meurt dans le calfeutrement d’une société. Le film retrace cette épopée, celle d’une idée, celle d’un camp retranché, du coté du canal Saint Martin… Pendant 75 minutes d’un documentaire, puissant et précis, nous revivons ce moment important pour une prise de conscience collective.

Les frères Legrand vont en quelques jours faire basculer les média, les politiques, les associations dans l’urgence de l’hiver 2006…. De ce 26 octobre, Augustin Legrand, Jean-Baptiste Legrand, Pascal Oumaklouf et Ronan Dénécé nous relatent les préparatifs, l’entrée en matière et les répercussions. Ils nous font sentir un gouvernement pris dans une réalité de la précarité qu’on cache, un monde parisien qui constate avec effroi qu’un peuple se meurt à ses cotés. On y découvre des media qui veulent bien faire, qui résument trop la situation et parfois trahissent une idée les enfants de Don Quichotte. On palpe enfin le quotidien de ces pauvres qui crèvent… Ces 150000 hommes et femmes dont l’espérance de vie ne dépassent pas les 45 années pour le seul fait qu’ils vivent dans la rue… Rue qui les détruit par l’alcool, par l’indifférence, par l’absence de réaction sociale appropriée. Et enfin une solitude pire que tout.

« Les enfants de Don Quichotte : Acte I » : un documentaire qui va au delà de la réalité d’une situation inadmissible. Ces 75 minutes sont en particulier un témoignage direct de ceux qui sont invisibles pour les yeux de chacun. Ceux qui font partis du décor urbain et qu’on déshumanise au propre et au figuré. Les Legrand et Dénécé ont le mérite de leur donner un visage, une parole et leur redonnent une histoire. Portant un combat apolitique c’est-à-dire un combat au cœur de la politique, le camp retranché du Canal Saint Martin est présenté sans artifice… avec ses habitants et plutôt ses combattants d’une espérance. Ils parlent d’eux. Mais leur histoire est universelle. L’un est un écorché de la vie… il a vu sa femme et son gamin mourir d’un accident de la circulation causé par un chauffard… il n’a pas pu continuer sa vie et s’est retrouvé à la rue. L’autre c’est un divorce et il a perdu aussi femme et enfants d’une autre manière. Il y a celle-ci qui a du mal à parler faute de bagage scolaire. Il y a ceux qui n’ont plus de dent mais dont le sourire est fabuleux de part leur ingénuité. Il y en a d’autres qui face caméra se laissent aller à la vérité de leur existence : pourquoi une telle misère pour eux ? Pourquoi répètent ils ? D’autres grisonnants semblent espérer une amélioration, non pas pour eux mais pour les générations de pauvres à venir…

De ce film, on sent l’extrême engagement de ces citoyens, l’extrême sincérité de ces jeunes hommes refusant que dans un monde aussi riche puisse exister une telle indigence et détresse. Il y a l’errance ou l’impuissance des gouvernants face à des foyers d’urgence engorgés de puces, morpions et cafards… et de violence… oui toujours cette violence… violence aux multiples aspects… celle d’un simple regard d’un passant suffit à raviver chez ces « nomades » l’impression d’être des « animaux ». Ce document dépasse ce qu’on attend habituellement d’un moment cinématographique, il permet de mettre de la lumière dans un monde qu’on oublie, qu’on méprise et qu’on cache… il met en lumière les invisibles… « Les enfants de Don Quichotte : Acte I » sont un moment de vérité inoubliable, des visages lumineux malgré les marques d’une survie quotidienne en milieu hostile, en milieu urbain, en milieu indifférent. J’ai vu ce film qui marque, qui nous plonge face à l’universalité de l’être, à la nécessité d’action individuelles, collectives et politique. Il montre les réponses illusoires passées, les infâmes foyers de misères, le bricolage approximatif d’une Loi DALO mise sur pied sans être appliquée… Le film terrasse notre nonchalance citadine, notre volonté égoïste de ne pas voir qu’avec peu d’argent public il est possible de remédier à la misère extrême, à celle qui tue. Voilà, donc, cette bande cinéma qui montre comment des hommes désintéressés ont fait leur devoir et sont allés au devant des « lépreux modernes ». Ils ont ensuite montré l’humanité dans ceux qu’on refuse de côtoyer. Les Legrand et Décéné sont aujourd’hui de ceux qui font face devant l’ampleur d’un ouvrage à continuer au sein des groupes d’associations, au coté de l’action publique… L’acte II… Ces réalisateurs et personnages d’une épopée majeure de l’action sociale ont donné un nouveau coup aux volontés égocentriques des « machines désirantes » et « machines consuméristes » de notre époque refusant d’accompagner une demi-heure, une heure, une nuit des « hommes vraies » qui vivent le non-logement et la non-vie au jour le jour. Il faut aller voir ce film. Il est un appel, un espoir, il illumine. Ces témoins de la misère sont plus qu’un message de fraternité mais un message d’universalisme quasi-révolutionnaire. Voir ce film c’est passer par des instants de solennité et des minutes de respect et des secondes de larmes. L’Acte II est à venir. Il est en nous. A portée d’un billet de cinéma. Il est dans notre poche… Tiens, j’y repense… dans la file d’attente de l’avant première, j’ai croisé un jeune homme digne et stylé au regard pur. Il s’appelle « Ramoudhé ». En 2006, il était SDF, un des retranchés. Aujourd’hui, il vit son Acte II au service des autres… Autre leçon que nous donnes ces idéalistes géniaux… Vous pouvez tous être des enfants de Don Quichotte avec moins de 10 euros. Croyez votre humble Sancho Pansa… Celui-ci a vu du sublime dans ces « morts symboliques » qui ont décidé de vivre grâce à une formidable épopée : Les « enfants de Don Quichotte : Acte I » Sortie le 22 octobre.

http://www.lesenfantsdedonquichotte.com/v4/index.html

AVANT-PREMIERES & RENCONTRES

MARDI 14 OCTOBRE – LUX (CAEN)
JEUDI 16 OCTOBRE – ELDORADO (DIJON)
JEUDI 16 OCTOBRE – UTOPIA (TOULOUSE)
VENDREDI 17 OCTOBRE – LE MELIES (SAINT-ETIENNE)
VENDREDI 17 OCTOBRE – IMAGIN’CINEMA (GAILLAC)
VENDREDI 17 OCTOBRE – LE MAZARIN (AIX EN PROVENCE)
SAMEDI 18 OCTOBRE – MAGIC CINEMA (BOBIGNY)
Festival Résonances – 8ème Rencontres du Cinéma Citoyen du 17 au 24 octobre
LUNDI 20 OCTOBRE – LE MERCURE (ELBEUF)
MARDI 21 OCTOBRE – UTOPIA (BORDEAUX)
JEUDI 23 OCTOBRE – LE MELIES (MONTREUIL)
VENDREDI 24 OCTOBRE – LE REX (CESTAS)
SAMEDI 25 OCTOBRE – JEAN EUSTACHE (PESSAC)
DIMANCHE 26 OCTOBRE – LE MELIES (PAU)
MARDI 28 OCTOBRE – SAINT-ANDRE-DES-ARTS (PARIS)
LUNDI 3 NOVEMBRE – LE METROPOLE (LILLE)
MARDI 4 NOVEMBRE – LE RIO (CLERMONT-FERRAND)
JEUDI 6 NOVEMBRE – LES CARMES (ORLEANS)
JEUDI 20 NOVEMBRE – LES ENFANTS DU PARADIS (CHARTRES)
VENDREDI 21 NOVEMBRE – LE NORMANDY (THURY-HARCOURT)

http://www.facebook.com/group.php?gid=28781938585


Tags: , , , , , , , , , , , , , ,

À propos de Yannick Comenge

Sur Facebook...
Cette entrée a été publiée dans aides aux personnes âgées, discrimination - exclusion, logement, medias et information, précarité, Société. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.