Mieux vaut être riche et Alzheimer que pauvre et sénile

Vous me direz, la sénilité, ou en tout cas les démences et autres dégénérescences liées au vieillissement sont souvent assimilées à la maladie d’Alzheimer, de manière plus ou moins justifiée…
La différence ne réside donc pas dans le diagnostic.

Le traitement en fonction du porte-monnaie, lui, par contre, ne fait pas de doute !
Non, je ne suis pas en train de dire que les personnes âgées sont différemment traitées en fonction de leurs revenus… ou de ceux de leurs descendants.
Enfin, pas directement…

Ce qui est certain, en revanche, c’est que le choix offert en termes de nombre d’établissements, donc en termes géographiques de proximité ou d’éloignement, mais aussi de configuration interne (disposition des locaux, nombre de résidents, espaces verts…) n’est pas du tout le même.
C’est ainsi que le prix de l’hôtellerie représente le principal coût d’une maison de retraite, comme le dit bien la terminologie employée : Etablissement d’Hébergement pour Personnes âgées Dépendantes. Or ce prix peut être extrêmement variable d’un établissement à l’autre.
Sans du tout parler d’établissements luxueux (que je sache, il n’y en a pas près de chez moi), donc grosso modo pour des établissements de standing équivalent, le prix de l’hébergement peut varier de 30 % d’un établissement à l’autre.
A quoi il faut ajouter que certains établissements, qui ne sont pas agréés, ne donnent pas accès à l’Aide Sociale, ce qui exclut de fait les personnes n’ayant pas les revenus suffisants pour en assumer les frais (hors APA).
C’est ainsi que Nesca, qui bénéficie de l’Aide Sociale, n’a pas intégralement le choix d’un établissement (contrairement à ce principe, qui reste théorique : toute personne âgée peut être hébergée dans l’établissement d’accueil de son choix).

Inutile de dire qu’il n’est pas aisé de trouver une place dans un établissement, et que généralement les listes (et donc les délais) d’attente sont assez longues. Le problème est d’autant plus épineux quand le choisx se restreint du fait de l’agrément ou de son absence. Ama et Nesca, malgré les galères, ont été assez chanceuses, lorsqu’il a bien fallu finir par se résoudre à ce qu’elles aillent en établissement !

Imaginez alors ce que cela devient lorsqu’il faut se mettre en quête d’un établissement qui comporte une unité spécialisée, souvent baptisée Unité Alzheimer.
C’est ce que je viens de faire pour Ama, avec l’aide bienvenue de l’Assistante Sociale de la MAPAD, que je remercie au passage. Une occasion supplémentaire de revisiter la grande tradition française de la paperasse ! L’industrie papetière a encore de beaux jours devant elle…

Bref, venons-en à notre sujet…
J’ai, là encore, eu de la chance, puisque, face à l’urgence, j’ai trouvé une place assez rapidement. En croisant les doigts pour que ce séjour puisse être financé par Ama aussi longtemps que cela sera nécessaire….
Aussi longtemps que nécessaire, c’est à dire, sans doute, jusqu’à la fin de ses jours.

Mais peut-être pas.
Parce que si son état a nécessité cette décision, celle-ci va entraîner une séparation d’avec Nesca.
Nesca qui a maintenant 92 ans, qui a vu Ama naître, et a vécu avec elle (chez mes grands-parents, donc) jusqu’à ce qu’Ama parte faire sa vie.
Puis qui est venue vivre chez Ama lorsque ma grand-mère est décédée, en 1979.
Cela fait donc 30 ans qu’Ama et Nesca vivent ensemble… Sans compter le temps de l’enfance d’Ama, ni les moments partagés entre-temps.

Elles vont donc être séparées.
L’une et l’autre ont une conscience ma foi assez entamée. Mais je puis vous assurer qu’elles sont parfaitement conscientes l’une et l’autre de leur présence respective, et qu’elles sont rapides à se faire du souci si l’autre n’est pas là !
Nul doute que cette séparation sera une déchirure, malgré toutes les précautions que l’on pourra prendre… Une déchirure aux conséquences à la fois prévisibles et imprévisibles !
En tout cas un nouveau cap à franchir vers la déchéance, la solitude, la perte de repères, qui ne pourra qu’aggraver la confusion mentale de l’une et de l’autre.

Mais, me direz-vous, pourquoi Nesca n’irait pas dans le même établissement, même si ce n’est pas dans le même service ?
D’abord, parce que, bien sûr, il n’y a pas de places dans l’immédiat.
Mais surtout, surtout, parce que ce ne sera jamais possible : cet établissement n’est pas agréé pour l’aide sociale !

Que faire, alors ?
Se dire, et espérer, qu’une place se libère dans un autre service spécialisé, sis celui-là dans un établissement agréé ? Puis croiser les doigts pour qu’une place se libère aussi dans la maison de retraite elle-même…
Ce qui supposerait un nouveau changement pour Ama.
Or lorsque l’on sait à quel point la moindre modification peut entraîner de perturbations, cette perspective n’a rien de réjouissant…

Ne resterait plus alors que la résignation.
A laquelle je vais tenter de ne pas me résigner !
A moins de faire comme l’âne de Buridan, et de rester au milieu du gué…

Et je note aussi au passage que si cela avait été Nesca qui s’était retrouvée dans la même situation d’urgence, il n’y aurait pas eu de solution pour elle !!!
Parce qu’elle ne le vaut pas bien ???

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Sur l’Aide Sociale :
¤ Comment payer les frais d’hébergement dans une maison de retraite quand le résident a des revenus modestes ?Service Public
¤ L’Aide sociale aux personnes âgéesCap Retraite
¤ MAISON DE RETRAITE : FAIRE LE BON CHOIX – L’établissement et les tarifsNotre Temps
¤ Les aidesLes Maisons de Retraite
¤ Maison de retraite : l’aide sociale à l’hébergement (ASH)Entre Aidants

et, bien sûr :
¤ aide aux personnes âgées – liens utiles
¤ aides aux personnes âgées : le feuilleton
¤ Fragments de Vieillesse

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