Surendettement & crédit à la consommation : les chiffres et la lettre

La crise actuelle pourrait (et devrait) être l’occasion de remettre à plat certains principes de l’économie de marché (qui est loin de n’avoir que des vertus), et d’un fonctionnement dit libéral.

Parmi ces principes, ou les dérives de ceux-ci, figure le crédit.
Un crédit rendu absolument indispensable pour la vie des entreprises, et de l’économie en général.

Parmi ceux-ci, qui participent au dynamisme économique, figurent les crédits à la consommation. Parmi les quels les crédits renouvelables (revolving), et autres réserves d’argent.
Cette participation a pour effet de rendre les politiques pour le moins frileux pour réformer leurs principes, et protéger le consommateur de leurs abus, qui se transforment bien souvent en piège inexorable pour leurs utilisateurs.
C’est ainsi que les propositions de Mme Lagarde pour encadrer ces crédits (voir Radio Crésus et autres actus du crédit à la consommation et La réforme du crédit à la consommation vu par Mme Lagarde… un revolver désarmé ?) restent bien timides face à l’ampleur du problème posé… qui est aussi éthique et déontologique !

le poids des crédits à la consommation

Un des principaux arguments de ces frileux, outre l’effet positif de ces crédits sur la consommation (et donc la fameuse croissance), et donc la bonne santé (?) de l’économie, est que seule une infime minorité de ces crédits connaissent des incidents de paiement.
Et que la plupart du temps ils ne deviennent catastrophiques pour les emprunteurs que lors d’un accident de la vie.
Omettant de relever que, justement, s’ils se transforment en cataclysme lors d’un accident de la vie, c’est parce que bien souvent ils ne tiennent qu’à un fil ténu, aux effets boule de neige pervers. Un fil à la patte qui peut très rapidement se métamorphoser en un boulet explosif !

Le principe de ces crédits est en effet assez simple : des taux d’intérêts qui frisent l’usure (autour de 20 %), des mensualités apparemment assez faibles, et une durée qui s’allonge si l’on puise à nouveau dans les réserves…. en ne remboursant le capital qu’en dernier ressort !
Mais l’autre inconvénient majeure de ces crédits est que bien souvent ils sont accordés sans la moindre précaution : ni vérification des revenus, ni informations prises sur les autres encours (voir enquête UFC-Que Choisir citée ici : La réforme du crédit à la consommation vu par Mme Lagarde… un revolver désarmé ?).
Un crédit facile, donc, quant à son obtention, et remboursable grâce à des mensualités alléchantes… et trompeuses !

crédit revolving, crédit facile !

Un type de crédit qui est aussi très majoritairement proposé pour de petites dépenses.
Et de plus en plus souvent pour boucler les fins de mois, et non pour un achat particulier.

Mais la frilosité des politiques pour légiférer en la matière risque fort de se transformer en véritable bombe à retardement, en révélant à la fois l’hypocrisie et l’ineptie du système !
En effet, les dépôts de Dossier de Surendettement explosent en ce début d’année, à tel point que la BDF (Banque de France) risque de se trouver complètement débordée.
Ainsi, un article de Libération, intitulé Les naufragés du crédit affluent avec la récession (à lire aussi ici), nous apprend que le nombre de dossiers déposés à la Banque de France a franchi à deux reprises la barre des 20 000 ménages en févier et en mars. Soit une augmentation de 16 % sur le premier trimestre 2009, comparé à celui de 2008….

L’article en question souligne par ailleurs une sous-utilisation du Plan de Rétablissement Personnel, équivalant à un effacement des dettes avec la faillite civile… en particulier chez les jeunes !

Il semblerait pourtant que des solutions existent pour réellement mieux encadrer ces crédits, et en tout cas proposer des solutions alternatives.
Outre le développement du micro-crédit social, le think tank Terra Nova propose en effet, me semble-t-iol, des mesures de bon sens, au-delà de tout parti-pris politicien :
¤ instaurer [...] un questionnaire rapide à remplir avec le client avant toute contractualisation d’un crédit à la consommation
¤ plafonner la durée des crédits renouvelables en imposant un minimum d’amortissement du capital dans chaque échéance
¤ harmoniser les taux d’usure : Le taux de l’usure est mal régulé. Il est très élevé pour le crédit revolving : 21.32%. Il est à l’inverse relativement bas pour les prêts « classiques » à la consommation : 9.92%
¤ mettre en place un fichier positif [déjà évoqué à plusieurs reprises dans ce blog]
¤ Créer un crédit social à la consommation
. Ca, je vous laisse lire, c’est un peu complexe, mais l’idée est à creuser !
L’article intégral : Réformer le crédit à la consommation

Il semble en tout cas urgent d’assainir ce secteur de l’économie.
Urgent face à la crise, bien sûr.
Mais surtout indispensable pour ne pas précariser inexorablement une marge de plus en plus importante de la population, qui s’en retrouve de fait marginalisée et précarisée, avec toutes les conséquences sociales, économiques et humaines qui, à terme, se révèlent très coûteuses pour la société dans son ensemble !
Les chiffres du problème posé sont là. Il est peut-être temps d’en repenser la lettre, et donc l’esprit !

crédit et caution

Pour mémoire :
¤ chronique d’un surendettementliens utiles surendettement
¤ La réforme du crédit à la consommation vu par Mme Lagarde… un revolver désarmé ?
¤ Radio Crésus et autres actus du crédit à la consommation
¤ Crédit Revolving : l’engrenage
¤ Crédit et surendettement : aubaine ou catastrophe ?
¤ Banques : obligation de conseil et d’information… et de mise en garde !
et tous les liens qui y figurent…

Post Scriptum :
Je cite dans cet article des dessins trouvés ça et là… du même auteur.
Auteur dont je ne parviens pas à lire le nom, et qui n’est cité dans aucun des articles source cités.
Si quelqu’un peut m’aider ???
- Crédit à la consommation : A quelles conditions ?
- Travail dominical, prêt à la consommation… Où est l’humanisme ?


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