Les gérontechnologies: vers une meilleure gestion de la dépendance ?

Le Centre gouvernemental d’analyse stratégique a publié un dossier spécial (’Note de veille’) consacré au développement des gérontechnologies et à l’influence de ce secteur sur la gestion à long terme de la prise en charge d’un nombre croissant d’aînés dépendants. Chargée des questions sociales au CAS, Virginie Gimbert dresse dans ce document un état des lieux détaillé du domaine des « technologies pour l’autonomie » en France. Cette analyse propose également divers solutions face aux obstacles qui retardent l’expansion des gérontechnologies tels que les coûts élevés, le manque de structuration et les réticences des professionnels de santé.

Les gérontechnologies: vers une meilleure gestion de la dépendance ? - Source de l'image: http://www.strategie.gouv.fr

Des technologies utiles peu développées en France
Le développement des gérontechnologies en France est assez tardif comparé à d’autres pays tels que le Japon et les Etats Unis, constate le document du Centre d’analyse stratégique (CAS).  Ceci en dépit du fait que les technologies pour l’autonomie offrent de nombreuses solutions  pratiques pour faciliter la prise en charge des personnes dépendantes et améliorer leur qualité de vie. Parmi les nouveaux outils cités dans cette analyse on peut citer la visiophonie, offrant un meilleur contact avec les proches, les dispositifs de rappel des tâches pour les malades d’Alzheimer ainsi que les systèmes de télésurveillance utiles pour sécuriser les aînés dépendants et alléger la tâche des aidants. Virginie Gimbert souligne l’apport critique de ces technologies dans le prolongement du maintien à domicile des personnes dépendantes face au nombre insuffisant de places en maisons de retraite. Le document recommande à l’Etat de promouvoir ces innovations qui permettraient également de réduire les investissements publics dans le secteur des EHPAD et maisons de retraite.

Les obstacles au développement des gérontechnologies

De multiples facteurs sont à l’origine du retard dans l’expansion des technologies pour l’autonomie en France. Le Centre d’analyse stratégique fait état d’une situation paradoxale: les projets de recherche et les expérimentations dans ce domaine foisonnent, tandis que la commercialisation de produits opérationnels pour les personnes dépendantes demeure très réduite. Cette situation est attribuée entre autres à la participation insuffisante des chercheurs français aux projets européens en gérontechnologie. Les équipes de chercheurs ne sont également pas assez multidisciplinaires, ce qui a pour conséquence de créer des prototypes techniquement bons mais fréquemment inadaptés aux utilisateurs. D’autre part, ce sont essentiellement de très petites entreprises qui produisent les technologies pour l’autonomie, un inconvénient qui limite sensiblement les débouchés industriels pour la recherche académique. Le coût des produits de gérontechnologie est aussi très élevé: cela constitue une difficulté supplémentaire pour séduire les aînés dépendants déjà peu enclins à utiliser les nouveaux outils ultramodernes. De leur côté, les aidants professionnels expriment certaines réticences concernant ces techniques, parfois pour des motifs d’éthique mais surtout par crainte qu’elles se substituent à leur rôle.

Des recommandations pour accélérer l’expansion des gérontechnologies
Pour améliorer l’efficacité de la recherche et la création de nouveaux produits,  le Centre d’analyse stratégique préconise entre autres de renforcer la création de gérontopôles (lancée en 2006), destinés à canaliser la recherche et les formations en gérontechnologie. Les pouvoirs publics devraient également encourager les différents acteurs concernés – ingénieurs, chercheurs, aidants professionnels… – à coordonner leurs efforts afin d’élaborer des produits plus adaptés aux utilisateurs. En outre, il est recommandé au gouvernement de structurer ce marché en définissant des normes spécifiques au domaine des technologies pour l’autonomie. D’autres considérations que l’aspect médical (telles que l’amoindrissement de l’isolement social et l’amélioration de la mobilité) devraient être pris en compte afin d’élargir les subventions de la Sécurité sociale pour l’achat de ces produits. Pour surmonter les réticences des aînés ou des professionnels, le document du CAS suggère également de lancer des campagnes d’information pour le grand public. Virginie Gimbert conclut ses propos en soutenant la mise en place d’une politique de prévention pour la perte d’autonomie fondée sur une perspective globale des mesures nécessaires pour faire face au vieillissement de la population.

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