Des causes du surendettement… ou des parcours de vie

Il est souvent dit, par nos très hauts, que le surendettement survient au décours d’un accident de la vie.
Et il ne fait pas de doute que la situation de crise actuelle, en aggravant la précarité plus ou moins momentanée des personnes et des foyers, entraîne une hausse exponentielle des dépôts de dossiers de surendettement.

Mais j’ai aussi souvent dit qu’il me semblait (et je persiste et signe !) que ces accidents de la vie (comme si la vie pouvait se dérouler sans imprévus ni « accidents »…) ne venaient en fait que révéler une situation de surendettement avérée… mais méconnue ! Dès lors, le moindre grain de sable peut venir enrayer la mécanique infernale…
Parce que quand on a pris l’habitude de jongler avec les réserves d’argent, les crédits renouvelables, le rachat de crédits, et autres découverts, utilisés à outrance, on ne sait même plus ce que l’on doit, ni ce que l’on rembourse… et qu’il est par contre fréquent que le reste de sa vie, quel que soit l’âge, ne suffise pas à combler les dettes…
Le site crédit propre parle d’addiction. Je parlerais plutôt d’engrenage, ou de spirale…
Parce que quand l’on se sent piégé, on fait tout pour maintenir sa tête hors de l’eau ! Il faudrait dans ce cas (sauf, sans doute pour des exceptions qui doivent exister) d’addiction provoquée… et entretenue !

Les sociétés de crédit, fortes du faible taux d’incidents de remboursements, se prévalent de cet argument pour faire valoir que ces crédits revolver ne sont pas si nuisibles, voire toxiques, argument que font valoir à leur tour nos gouvernants et décideurs pour ne pas réellement limiter la possibilité d’usage de ces crédits matadors, dans la mesure où ils jouent un rôle bénéfique sur la consommation des ménages, et donc sur l’économie française. A force de peindre des trompe l’oeil sur des faux semblants, tout cela commence à ressembler à un gigantesque miroir aux alouettes, mais passons !
Toujours est-il qu’en ce domaine la loi de réforme du crédit à la consommation se contente d’un petit lifting, qui, même s’il va dans le bon sens, ne fera que parfaire le maquillage…

Et je reste persuadée que les chiffres réels du surendettement sont bien supérieurs à ceux des statistiques (au demeurant bien chiches) annoncées par la Banque de France, comptabilisant le nombre de dossiers de surendettement en cours ou déposés…

J’avais lu, il y a quelque temps, un témoignage qui décrivait fort bien cette spirale dont il est difficile de sortir.
L’article comporte quelques erreurs d’appréciation, et quelques incongruités sur la procédure, mais me semble bien décrire le parcours assez commun.
Faites vous une idée en le lisant : Le surendettement , mode d’emploi
Je vous invite par ailleurs à lire le témoignage d’une sortie du surendettement réussie ici : Un désendettement réussi. Eh oui, ça arrive !

Mais j’en viens à mon propos…
La vie est un accident perpétuel dont il faut se rétablir à chaque pas.
Mais elle est aussi, bien sûr, une somme de joies accumulées, un trésor de réussites (aussi minimes soient-elles), un balluchon de bonheurs partagés… et tant d’autres choses !

Et il ne fait pas de doute que ces deux faces de la médaille de la vie sont très inéquitablement réparties, certains accumulant les déboires, tandis que d’autres thésaurisent les réussites…
Que cela soit le fait du doigt de Dieu, de la chance, de la destinée, du karma, ou de que sais-je encore, ne change pas grand chose au constat…
Il ne fait par contre pas de doute que ces pile-ou-face sont plus ou moins faciles à gérer en fonction de sa situation financière, et de ses aléas. Lesquels aléas peuvent être plus ou moins importants, mais surtout avoir des conséquences tout à fait différentes en fonction du budget de départ et/ou d’arrivée…

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dessin « piqué » ici

Et j’en reviens aux accidents de la vie…
Je suis en effet surprise, en suivant assidument le forum entraide surendettement, de découvrir, au détour d’un commentaire, en cati-mini, l’air de rien et de ne même pas le dire, le nombre de personnes qui font mention d’un accident de la vie… dans leur vie passée !
Je ne me permettrai certainement pas de citer les cas en question, ni de les répertorier.
Mais il y est question de blessures d’enfance (non reconnaissance, rejets divers et variés, exigences hors de portée…), de mauvais traitements physiques ou psychologiques, d’abus sexuels (viols ou incestes), de pertes prématurées d’un ou des parents… de violences, en bref, sous toutes leurs formes…
Un peu comme si l’envie de se sortir de ce piège-là pouvait conduire à succomber (pour de bon !) aux sirènes de la société de consommation, et augmenter l’attrait du « crédit facile ».

Il est bien évidemment impossible d’extrapoler à partir d’un forum (fût-il très sérieux ! :D )…
Reste que le surendettement, s’il n’est pas volontaire, n’est pas anodin.
Et qu’il entraîne et entretient des situations de désespérance… que le crédit soit-disant facile n’a fait qu’aggraver.

Partir de ce constat serait sans doute bien plus utile, sur le long terme, que de continuer à se voiler la face, non seulement sur un fait de société (devenu mondial et supra-économique), mais aussi sur le coût que peut représenter la souffrance : des populations au niveau macro-économique, des personnes au niveau sociétal… quand la société en question peut se permettre ce genre de questionnement.
Or je ne doute pas que la France fasse partie de ces dernières !

La liste des liens serait trop longue…
Je ne vous renvoie qu’à cet article :
Surendettement & crédit à la consommation : les chiffres et la lettre
et à celui-ci :  Surendettement et accidents de la vie…


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