Frais bancaires : un rapport sur la tarification des services… instructif !

Un rapport sur la tarification des services bancaires, rédigé par Georges Pauget et Emmanuel Constans, a été remis le 8 juillet à Mme Lagarde, ministre de l’économie.
Intéressant à plusieurs égards !
On y apprend en effet différentes choses…

A commencer par celle-ci :
Pris dans leur ensemble [...] les tarifs des services bancaires sont plus faibles en France que dans les autres économies européennes comparables.
Ils sont quand-même râleurs, ces français, qui se plaignent tout le temps, alors qu’ils sont plutôt avantagés !
D’autant que le rapport poursuit en disant que Cette modération tarifaire s’accompagne d’une qualité de service élevée
. Ben alors ?
D’autant plus que Le crédit immobilier, conçu comme un produit d’appel, est consenti à des marges très faibles, les taux d’intérêts pratiqués étant sensiblement inférieurs à la moyenne européenne. De plus, le recours au chèque, qui représente 22,5% des volumes de paiement effectués en France, est gratuit, de même que les retraits d’espèce dans les DAB de groupe, ce qui constitue un cas isolé en Europe.
De quoi se plaint-on donc ????

Eh bien sans doute, sans que la chose fasse l’objet d’une analyse systématisée, à cause de cela : Ces effets de réduction ou de perte de marge sont compensés par la tarification de la banque au quotidien (gestion du compte, moyens de paiement, gestion des incidents).
Et là, Un consommateur français ayant un profil européen moyen de consommation dépensera chaque année un montant 14,5% plus élevé que la moyenne des 6 principaux partenaires de la France, la différence est notable !

Et là, ça devient particulièrement intéressant (et je cite in extenso) :
L’accumulation des frais d’incidents et de commissions d’intervention constitue une difficulté pour une minorité de consommateurs fragiles, que la mission estime représenter environ 1% de la clientèle des banques. Ceci provient d’un déficit de prise en charge adaptée et de prévention au bénéfice des clientèles fragiles, les conditions n’étant pas réunies pour leur permettre d’éviter de se trouver trop fréquemment en situation d’irrégularité ou d’absence de provision. Le niveau des commissions d’intervention et le plafond du nombre de ces opérations qui peuvent être facturés par jour ou par mois est également inadapté aux besoins de ces consommateurs en difficulté.
Dit autrement, et en termes moins politiquement corrects : comment, grâce à ce système, un petit trou passager peut se transformer en gouffre abyssal !
Et, plus loin, le rapport précise : le plafonnement des frais pour incidents de paiement, s’il a éliminé les abus, n’a pas empêché les phénomènes de « cascade de frais » et s’est traduit par un alignement de la majorité des établissements sur les plafonds. Ah bon ? Malgré la libre concurrence ?
Il signale par ailleurs, p 45, qu’il apparaît que les consommateurs ne sont pas toujours informés de la possibilité de se voir remboursés les frais de rejet en cas de représentation à plusieurs reprises du même paiement par prélèvement.
Qui pourrait les en informer ? Les banquiers ? Il y a fort à parier que les clients concernés vont rester longtemps sous-informés ! Ce n’est pas demain la veille que les banques vont renoncer à cette manne ! (voir Frais bancaires : les plus pauvres trinquent).
La seule solution serait d’interdire de facturer plusieurs fois le même rejet… Point !

frais bancaires plafonnés et sous-information
image piquée dans ce billet : Comprendre ses frais bancaires…

Le rapport préconise par ailleurs, et j’en termine, de développer une gamme de moyens de paiement alternatifs bon marché (GPA) ou Gammes de moyens de Paiement Alternatifs au chèque.
Y a plus qu’à prier après avoir effectué les ablutions de rigueur !
Pardon, hein, mais au nom de quelle philanthropie inexistante, par essence, chez les banquiers, se mettraient-ils à faire la promotion des ces « produits », indéniablement indispensables aux foyers à faibles revenus, mais qui ne leur rapportent strictement rien ?

Il est en tout cas très dommage que ce rapport n’arrive qu’après l’adoption de la loi pour la réforme du crédit à la consommation…
Certains articles eussent pu être complétés !

A noter enfin que le rapport préconise que l’information sur les tarifs bancaires soit un tant soit peu homogénéisée, en retenant 10 principaux services qu’il serait facile de comparer…

Lire aussi :
¤ Frais bancaires et recours
¤ Frais bancaires et entrée en vigueur de la DSP
¤ De l’opacité des frais bancaires…


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