La révolution à l’école primaire ?

Xavier Darcos a présenté ce mercredi 20 Février son projet de réforme de l’école primaire.

Partant du postulat que c’est l’école primaire qui donne à l’élève l’ensemble des connaissances et des compétences essentielles qui lui permettront d’aller plus loin dans son parcours scolaire et de réussir, plus tard, son insertion dans la vie professionnelle, Xavier Darcos a égréné différentes mesures à Périgueux, répondant aussi à l’exigence de Nicolas Sarkozy de diviser par trois, en cinq ans, le nombre d’élèves qui sortent de l’école primaire avec de graves difficultés et diviser par deux le nombre d’élèves ayant pris une année de retard dans leur scolarité.

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Extraits et commentaires :

Il n’est pas concevable que 15% des élèves quittent aujourd’hui l’école avec de graves lacunes dans la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul.
« Pas concevable » est un peu court. Cela peut en tout cas s’expliquer, sinon se concevoir.
L’éducation scolaire s’adressant à tous les enfants, il est évident que les méthodes et manières d’aborder les programmes ne peuvent convenir à tous. Sinon à imaginer la possibilité de personnaliser cet enseignement, de tenir compte des difficultés spécifiques à chacun, de leur milieu socio-culturel, de leurs fonctionnements intellectuels divers…
Ce qui impliquerait sans doute une organisation différente, et des moyens ciblés.

Cela implique une modification substantielle du service horaire des enseignants du premier degré qui se composera désormais de 24 heures hebdomadaires d’enseignement en groupe classe et de 108 heures annuelles consacrées à l’aide directe aux élèves en difficulté (60 heures), au travail en équipe, à la relation avec les familles ou à l’implication dans un projet personnalisé de scolarisation (PPS) d’un élève handicapé (24 heures), à l’animation pédagogique et à la formation (18 heures) ainsi qu’aux conseils d’école (6h).
6h pour les conseils d’école, ça ne donne pas un temps excessif pour réfléchir, diagnostiquer, proposer des solutions…
24h pour un PPS… et quand il y en a plusieurs ?

Xavier Darcos propose par ailleurs un soutien scolaire de 2h par semaine aux élèves en difficulté, ainsi que des stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires pour les CM qui seraient encore en difficulté.
Un programme plus lourd, donc, pour les enfants rencontrant des difficultés, alors-même qu’ils sont souvent déjà saturés.
Une « bonne idée » qui pourrait se révéler contre-productive.
D’autant plus que l’on peut imaginer que les besoins ne sont pas les mêmes d’une école à l’autre !

Les programmes de sciences, d’histoire géographie et de pratique artistique sont recentrés sur l’essentiel.
C’est quoi, l’essentiel ?
Difficile à définir, mais surtout, il ne faudrait pas oublier que ces disciplines sont souvent des portes d’entrées vers les apprentissages pour les élèves qui rencontrent des difficultés.
Il semble par ailleurs que cela vienne un peu en contradiction avec cette volonté affichée : l’école primaire doit rester garante de l’idéal républicain : permettre à chaque enfant de devenir, par l’instruction, un citoyen libre et éclairé. Si ce ne sont pas ces disciplines qui assurent le développement de l’esprit critique, il est certain que ce ne sera pas la grammaire ou la répétition scandée des tables de multiplication qui les remplaceront !

L’introduction de l’instruction civique et morale qui remplace l’éducation civique. Cet enseignement permet à l’enfant de découvrir progressivement les valeurs, les principes et les règles qui régissent l’organisation des relations sociales, depuis l’observation des règles élémentaires de civilité jusqu’aux règles d’organisation de la vie démocratique.
Les termes ont leur importance ! L’instruction va ainsi remplacer l’éducation, en s’adjoignant des leçons de morale ?
Pour faire court, l’instruction vise à la transmission d’un savoir, alors que l’éducation a pour ambition d’assurer le développement et la formation d’un être humain.
Or, bien que je ne sois pas dans les écoles, et qu’il soit certain que cela puisse s’améliorer, je ne doute pas que les enseignants aient à coeur de transmettre les valeurs, les principes et les règles qui régissent l’organisation des relations sociales au quotidien, exerçant en cela une véritable action éducative. Et qu’ils en profitent pour faire référence à des valeurs et des faits, assurant en cela une instruction de leurs élèves.
Quelle révolution ! A part l’enseignement de la Shoah et apprendre à se lever devant la Marseillaise, discutables l’un comme l’autre, où est la nouveauté ?

Ces résultats [de chaque école] seront communiqués aux familles selon des modalités que nous définirons au cours des prochaines semaines pour apporter aux familles toute l’information nécessaire sans toutefois entrer dans une logique de mise en concurrence des écoles entre elles.
Comment va-t-il éviter cet écueil, notre Ministre de L’Education Nationale ? En rétablissant la carte scolaire ?
Mais je préfère que l’Education nationale se dote d’outils de mesure fiables et transparents du niveau des élèves plutôt qu’elle découvre, année après année, un classement médiocre dans les différentes évaluations internationales.
Là, on ne peut qu’être d’accord avec lui ! A condition de se donner aussi les moyens réels d’améliorer ces résultats…

Les objectifs sont ambitieux, les mesures timides… reprenant l’éternelle rengaine des « fondamentaux ».
Résultats dans un peu plus de 4 ans !

A consulter :
¤ Présentation des nouveaux programmes du primaire
¤ Réforme de l’école primaire et présentation des programmes soumis à consultation

Edité le 15/03/2008 :
Un excellent billet d’humeur, et un bon souffle (soufflet ?) d’air frais :
LE BONNET D’ÂNE


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