Le titre va un peu vite en besogne… et est sans doute trop optimiste !
Parangon de la concertation et du dialogue réussi, de la réforme, et de l’ineptie, mais aussi de la boutade, de la provocation, voire de la gaffe, et en tout cas du mépris, notre Ministre de l’Education Nationale vient d’en commettre une nouvelle (vous choisissez le terme qui vous convient…).
Invité des Grandes Gueules (RMC) le 12 Février, Xavier Darcos s’est en effet permis d’affirmer ceci :
Il n’y a aucune raison aujourd’hui objectivement de repousser cette réforme. D’ailleurs, on me dit « les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela » ; vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd’hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi, il n’est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n’ai pas absolument besoin d’entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Je définis les concours dont j’ai besoin. Je garantis la formation professionnelle des personnels que je recruterai. Après, chacun nous suit, ou pas.
En d’autres termes, les préparateurs sont des imbéciles, leur avis ne compte pas, et les préoccupations soulevées par les protagonistes du monde de l’éducation sont nulles et non avenues.
Notre cher ministre de l’Education Nationale omet par ailleurs de dire comment il assure la formation professionnelle des nouvelles recrues, et d’évoquer la précarité croissante de celles-ci.
Mais le problème est plus grave et plus profond, et touche aux fondements de la démocratie et de la République.
C’est ce que souligne cette pétition, que je ne peux que vous inviter à signer !
Extraits :
Votre indifférence proclamée [...] est inadmissible. [...]
Surtout, il est inadmissible que vous prétendiez être le recruteur, inadmissible que vous asséniez neuf fois en quelques phrases l’idée que c’est vous qui recrutez, vous qui définissez, vous qui avez besoin, et que ces concours sont les vôtres. [...]
Mais vous n’êtes pas chef d’entreprise, l’école n’est pas une société par actions dont vous seriez le président-directeur général. Vous êtes vous-même au service du recruteur et de l’employeur [...] le recruteur et l’employeur, c’est l’Éducation Nationale, c’est l’école de la République, c’est l’école de tous les citoyens, de tous les contribuables, de tous les électeurs, de tous les parents d’élèves, de tous les habitants de ce pays. [...]
Monsieur, ces propos vous disqualifient et vous déshonorent. Ils révèlent une confiscation de la res publica, de la chose publique, par un individu. [...]
Vous ne tenez votre légitimité de Ministre, Monsieur, que de l’expression de la volonté populaire. La volonté populaire ne vous a pas donné mandat de détruire au nom de la république un système fondé sur les valeurs de la république. [...]
L’école n’est pas votre propriété. [...]
En tant que citoyens, électeurs, contribuables, parents d’élèves, habitants de ce pays, nous ne reconnaissons plus la légitimité morale et républicaine de la position que vous occupez.
Nous exigeons votre démission.
Encore un petit effort, Monsieur Darcos !
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