Questions de vocabulaire… politique !

les questions de vocabulaire(s) sont nombreuses en ce moment, et je n’ai malheureusement pas le temps de m’y pencher suffisamment (sur ce blog !), depuis quelques mois.

Reste que quelques mots mériteraient une petite analyse…
Tels ceux de crise : de quoi, au-delà de celle de la finance et de celle du pouvoir économique, dont tout un chacun (ou presque !) a désormais pris acte ?
Une crise que Notre Seigneur empoigne à belles dents, affirmant même que la situation lui donne la banane (Carla a bien de la chance !).
N’empêche que son plan de relance est largement remis en cause, et qu’il a employé, dans le désordre, ces différents mots lors de son discours à Saint Quentin le 24/03/2009 (voir la vidéo) : incertitude, repères, valeurs, démocratie, république, respect, responsabilité, justice, liberté, égalitarisme, évoquant aussi que cette crise économique, cette crise sociale, est également une crise intellectuelle et morale (un retour à la politique de civilisation ?).
Bref, chaque terme, et chaque phrase, mériterait sa propre analyse sémantique, étymologique, rhétorique… et phraséologique !
Mais 24 heures par jour n’y suffiraient pas !

Dans une crise de cette nature, on ne peut pas se contenter d’être responsable, que de son parti, que de son entreprise, que de son syndicat [...] chacun a une responsabilité morale [...]
Chacun doit donc s’interroger sur les conséquences de ce qu’il dit et de ce qu’il fait. [...]
La démagogie engendre le populisme. [...]
le catéchisme de la pensée unique…

Voilà qui pourrait se conclure (et se mordre la queue… ou la banane…) en soi !!!
Et si c’est lui qui le dit…

Mais au-delà des échos médiatiques donnés à ces paroles, devant un parterre tout acquis à la cause (quelle cause ?), et de l’absence lamentable de débat et de contradiction… j’ai sursauté !!!
Oh, vous me direz, je sursaute souvent… Et heureusement que je n’écoute pas la TV, et que je ne lis que de loin en loin le Figaro !
Et que j’en suis réduite à n’écouter à la radio que France Inter, non par choix, mais parce que Europe 1 est inaccessible dans ma région, et que RTL me gonfle avec sa pub abusive…

Bref, ce qui m’a fait sursauter, au lendemain de la mobilisation du 19 Mars, quelque part exemplaire, ce n’est pas tant les propos démagogiques de Notre Seigneur, et autres commentaires onctueux des membres du gouvernement ou de l’UMP, sans compter ceux, étiques, démagogiques, voire ineptes du PS, mais bien ceux, dans les médias, et parmi tant d’autres, de Mr Colombani, qui me semblent exemplaires, et sur l’antenne de France Inter. Par un éditorialiste adoubé par un Nicolas Demorand, qui affichait il n’y a pas si longtemps l’Indépendance (c’est curieux, le slogan a disparu…), qui lui fait de la pub gratis tous les vendredis…

Ce Monsieur, Colombani, donc, ex du Monde, et nouveau promoteur d’un média dont je commence à regretter de m’être fait l’écho ici : Nouveaux médias… et autres histoires !… Mais dont les infos, dossiers et commentaires restent à lire !
Jean-Marie Colombani, donc, a eu cette longue phrase (et cette longue pensée !) malheureuse, et pourtant bien dans l’air du temps… et qui prend tout son sens dans la crise : Notre Seigneur aurait presque pu la prononcer -encore qu’elle soit un peu trop alambiquée-, ou l’un des ses conseillers la promouvoir…. Mais même les membres du gouvernement, qui ont, eux (politique oblige !) tenté de temporiser, ne l’ont pas osée (à propos, donc, des grève(s) et des manifs du 19/03/2009) :
Le début de contradiction qui pouvait apparaître entre des fonctionnaires en grève, [...] des gens à statut protégé, et dont on sait que le pouvoir d’achat en 2009 va probablement progresser parce que les prix sont en train de baisser, et que leurs revenus d’une certaine façon sont garantis.
Et en face ceux qui souffrent vraiment de la crise, les victimes de la crise, ceux qui sont licenciés, absents de ces défilés…


Colombani, la grève, la crise, et le prolétariat – fichier RM
Jean-Marie Colombani – France Inter – 20 Mars 2009

Sauf que, justement, Mr Colombani, cette ségrégation intra-prolétarienne commence à avoir du plomb dans l’aile, malgré tous les efforts déployés par Notre Seigneur et son gouvernement.
Sauf que, ne vous déplaise, il y a de plus en plus d’emplois précaires au sein de la fonction publique (il faut quand-même bien en assurer un service minimum, qui est bien loin des effets d’annonce anti-grève : voir les articles d’une EVS en colère).
Sauf que, les syndicats, depuis de nombreuses années, dénoncent la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires… Le gain de cette année, aussi considérable que soit l’inflation, ne rattrapera en aucun cas cette perte (ni celle, tout autant indexée -sur des indices par ailleurs contestables-, et ce malgré les effets d’annonces, des retraites, des minimas sociaux, des allocations familiales, etc…).
Sauf que, outre leur pouvoir d’achat, qui commence à passer au 2° plan (et encore ! il en est certains qui dorment dans des voitures), les fonctionnaires défendent haut et fort un service public digne de ce nom.
Sauf que, enfin, mais il y aurait encore beaucoup à dire, Mr Colombani, et quelle que soit votre autorité en la matière, s’il y a bien quelque chose que Nicolas Sarkozy, malgré tous ses efforts, n’a pas réussi à faire au-delà de sa campagne, et qui commence à lui coûter cher grâce (?) à la crise, c’est bien le « principe de l’idée présupposée » et hautement dogmatique de la division du prolétariat. Et que bon nombre des exclus silencieux étaient justement présents lors de ces manifestations…
On ne citera que les chômeurs et les handicapés

Je ne suis pas une politique, et je n’en ai pas les mots, ni le langage (qui consiste à agencer les mots), qui cependant persistent pour moi à avoir un sens (coucou au passage à Les Mots Ont Un Sens), ainsi que leur contexte.
Ce que vous avez dit là, Mr Colombani, comme aurait pu le faire PPDA au Journal de 20 h, comme pourrait le faire Laurence Ferrari, qui a fait perdre ses majuscules à ce dernier (je n’en suis pas fière, je constate…), ou n’importe quel autre analyste dit social, ne vous relève pas !

A l’heure où même Notre Seigneur, ainsi que même les plus endurcis de notre gouvernement, ou « ex » (Woerth, Chatel, Bertrand…), font un tant soit peu amende honorable, venir souligner (surligner !) ces vieilles querelles, qui, n’en doutons pas persistent encore malgré les solidarités du moment, est tout simplement bas.

Et, pour une fois, je ne peux que rejoindre Notre Seigneur, en le disant cependant avec mes mots, et sans faire allégeance : changeons de lorgnette, et grandissons… ensemble !

Je « pique » encore une image, pour les lorgnettes :

… de l’aveuglement social et politique …


Tags: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,
Cette entrée a été publiée dans discrimination - exclusion, internet, medias et information, précarité, presse, radio, services publics, Société. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.