Curieuse conjonction ces 12/13 Mars.
Xavier Bertrand reçoit le “Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail“, réalisé par Patrick Légeron, psychiatre, et Philippe Nasse, statisticien et économiste. Autrement dénommé ici et là le stress au travail ou le risque de suicide lié au travail.
Le même jour, la CGT avait déposé un préavis de grève à la SNCF pour peser sur les négociations concernant la pénibilité au travail.
Et dans Libération de ce matin, le 13/03/2008, un article (Travailler à en mourir», documentaire en enfer – Regards sur la destruction des individus par l’entreprise) sur le documentaire qui sera diffusé sur France 2, de Paul Moreira.
Il semble que le travailler plus pour gagner plus, non seulement ne permette pas forcément d’accéder à la seconde proposition du leitmotiv, mais que de surcroît il coûte très cher d’un point de vue personnel et familial, voire même économique !
Un serpent qui se mord la queue aux dépens de salariés de plus en plus pressurisés, et qui en deviennent de moins en moins productifs.
Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail :
Le stress coûte entre 3 et 4% du PIB dans les pays industrialisés. En France, nous avons le taux d’activité des seniors le plus faible d’Europe et le taux d’inactivité des jeunes le plus fort. Résultat, le travail pèse sur les mêmes personnes: les 30-55 ans. Et celles-ci vivent d’autant plus difficilement leur quotidien au travail qu’elles supportent aussi la hausse de la productivité due aux 35 heures. Voilà pourquoi le stress au travail est plus présent en France qu’ailleurs. – Challenges
Pénibilité au travail :
Les syndicats ont fini par accepter la réforme des Régimes Spéciaux à la condition que soit, entre autres, ré-examinée cette question…
Ce qui ne semble pas acquis !
Travailler à en mourir :
On y voit qu’une société de services brise et tue aussi sûrement que les monstrueuses machines de la révolution industrielle (lesquelles continuent aussi à fonctionner). On y voit que ce n’est pas moins être esclave que de l’être sous l’œil d’un maître anonyme, insaisissable, qui épie vos conversations, chronomètre le temps que vous mettez à respirer, vous abrutit d’interjections, vous lessive de formules stupides et agressives mécaniquement reprises des manuels de management, et de n’avoir plus que le désir de mourir pour s’y soustraire. On y voit enfin que «travailler plus» n’est pas un choix mais la perverse condition du travail lui-même : travailler veut dire travailler plus et aucune augmentation ne compensera ce que ce «plus», qui n’est jamais assez et auquel tient fragilement l’espoir tout négatif de conserver son emploi, arrache de vie et d’humanité.
Et sur le blog de Paul Moreira : travailler plus pour mourir plus :
Dans la tête des dirigeants de certaines boites, l’économie est une guerre.
Nous voulions comprendre la mécanique qui détruit les hommes dans le monde de l’entreprise. [...]
Il y a des zones de non-droit plus médiatiques que d’autres.
Comment repérer les processus de destruction ? J’ai pu constater de visu que très souvent les directions des ressources humaines servent à les dissimuler. Après tout, ils sont payés par la direction pour que les choses se passent sans vagues. Dans l’apparence de la correction. Cela aussi participe de l’invisibilité.
Face à une épidémie de troubles psycho-sociaux massifs, on réduit les moyens pour le combattre. Comme si on mettait les pompiers au chômage technique l’été dans l’arrière pays varois.
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Tags: conditions de travail, santé, travail, grève, syndicats