Flexisécurité, emploi, chômage… et dépenses sociales !

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Petite compilation de trois sujets traités par Global Eco (France Inter)… eh oui, le Service Public fait parfois bien son travail !!!

Avec quelques annotations tirées de L’Autre Economie, chronique animée par Bernard Maris (et pendant une semaine très économico-sociale par Liêm Hoang-Ngoc).

La flexisécurité est très à la mode (surtout chez les patrons qui dénoncent les contraintes liées à l’emploi !), et semble surtout cacher une belle hypocrisie !
A moins que patrons et gouvernement ne se décident vraiment à sécuriser les parcours des salariés, au lieu de menacer de radiation des chômeurs qui refuseraient par deux fois une offre d’emploi acceptable.
Mais il semble surtout qu’à moins d’être très strictement encadrée comme c’est le cas au Danemark (je crois… en tout cas en Europe du Nord), les effets de la flex-sécurité soient très discutables.
C’est en tout cas ce qu’affirme Louis Uchitelle, journaliste économique au « New York Times », auteur de « Le salarié jetable. Enquête sur les licenciements aux Etats-Unis« , édité chez Démopolis.
Les entreprises qui privilégient la sécurité de l’emploi ont de bien meilleurs résultats financiers à long terme que les entreprises qui favorisent les licenciements.
Le problème résidant peut-être surtout dans ce long terme… trop long pour les fonds de pensions et autres détenteurs de capitaux.
Mais à l’aune d’un pays, ne peut-on (doit-on) réfléchir les choses différemment ?
Et selon son éditeur, Laurent Hebenstreit, ce qui a permis la banalisation des licenciements, c’est la sous-estimation des coûts réels des licenciements [coûts directs et indirects, vus sous l'angle global]. Or, d’après l’auteur ce coût indirect est bien supérieur au coût direct.
L’auteur propose comme solution, entre autres : le coût réel des licenciements doit être pris en compte dans la fiscalité des entreprises.
C’est le MEDEF qui va être content !
En tout cas, on croirait entendre ce bon Filoche ! Et cela donne à réfléchir sur la modernisation des politiques publiques en matière économique !

Le salarié jetable - enquête sur les licenciements aux Etats-Unis
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Le SMIC quant à lui serait trop élevé, freinerait les embauches, et pénaliserait l’emploi.
Philippe Askenazy, économiste au CNRS, a entamé une petite série d’explications, chiffres et graphiques à l’appui, pour dénoncer lles idées reçues sur le salaire minimum (et donc le SMIC) ici : SMIC : questions-réponses (La Vie des Idées).
On a peu d’éléments qui nous permettent de dire qu’il est un handicap sérieux pour l’économie française [...] c’est une question de société : est-ce qu’on veut une société plutôt inégalitaire ou une société qui soit plus égalitaire ? Lorsque l’on a un salaire minimum relativement élevé [...] c’est un salaire incitatif.
Ah bon ?
Un argument que l’on pourrait développer, en disant aussi qu’il permet d’augmenter les côtisations sociales, la consommation… bref, la bonne marche de l’économie globale, en participant à la croissance.

Enfin, les bienfaits des dépenses sociales !
Vous savez, ces dépenses inutiles qui coûtent si cher à la Nation…
Eh bien, il semblerait que cette affirmation ne soit pas si ajustée à la réalité.
C’est en tout cas ce que prétend Bruno Palier, auteur avec Gosta Esping-Andersen, de « Trois leçons sur l’Etat-providence » paru aux Editions du Seuil – « La République des idées.
Je vous renvoie à 2 articles trouvés sur cet ouvrage.
Le premier, pour la novice que je suis, me semble plus explicite. Le second est plus critique.
Liens Sociononfiction.fr
Extraits des articles :
A l’heure où l’Etat-providence serait, selon les discours dominants, devenu au mieux un luxe trop coûteux, au pire une entrave à la croissance source de (presque) tous les maux de nos sociétés industrialisées [...]
il est indispensable de réfléchir en termes de régimes de protection sociale, et non plus en termes de d’État-providence [...]
on aboutit à une dépense sociale totale nette égale dans les deux pays [Danemark et Etats Unis], et à peine supérieure en France. [...]
en considérant non plus le seul coût budgétaire, mais le résultat global net de telles politiques [sociales], on peut réaliser que, loin de représenter une charge, celles-ci représentent bel et bien un élément majeur de la prospérité de nos sociétés.

Ce que précise ainsi Bruno Palier dans l’interview qui suit: Investir dans une croissance économique à venir, c’est permettre à tous les individus d’avoir les meilleures chances.
Il propose ainsi, à l’instar de l’auteur, de mettre le paquet sur la petite enfance, la famille, et même la vieillesse…
On pourrait aussi traduire par l’éducation, au sens le plus large du terme, et il conviendrait sans doute d’y ajouter la recherche.
Mais en fait tous les Services Publics sont concernés par ce type de raisonnement !

A quand un Grenelle, qui réfléchirait sérieusement à la Rénovation Générale des Politiques Publiques (RGPP), et participerait réellement à leur modernisation, et donc à celle de la France ?
Une qui ne se réduirait pas à ce résumé qu’en fait Liêm Hoang-Ngoc (Bilan de la Sarkonomics – 25/04/2008) :
La Revue Générale des Politiques Publiques réduira l’armée des hussards de la République. Une nouvelle « réforme » des retraites allongera la durée de cotisation et réduira le niveau des pensions, condamnant les salariés à souscrire aux fonds de pensions. La « modernisation » du marché du travail dépouillera le CDI de ses protections. La montée en puissance des franchises pourrait conduire à la privatisation progressive de l’assurance maladie.
Lequel précise (Les chômeurs sont-ils des assistés ? – 21/04/2008) :
Lutter contre l’assistanat revient à lutter contre les chômeurs et non contre le chômage.
Bernard Maris précise quant à lui que C’est la moindre des choses que l’on juge de l’efficacité de la politique économique. (Le paquet fiscal n’a servi à rien – 10/04/2008).
Voir à ce sujet : Promesse non tenue : la défiscalisation des heures sup ne sert à rien.
Mais faisons confiance à Mme Lagarde : elle évaluera sa propre politique en dehors de toute idéologie et de tout dogme ! En toute objectivité, donc, et en termes d’efficacité et de résultat(s).

Voir aussi :
¤ Pour comprendre le discours anti-chômeurs… et la position intenable du chômeur !
¤ Haro sur les chômeurs
¤ Sans oublier l’article déjà cité d’actu chômage : Un plan anti-chômeurs sans précédent !

Nota :
Il ne me convient guère de parler ainsi des patrons, car il en est comme partout des vertueux (et qui galèrent !) et des pourris, qui profitent de la(les) situation(s).
Le terme est donc simplificateur, dans ce billet comme dans les autres qui l’ont utilisé.
Il s’agirait plutôt de parler des positions du MEDEF, et de sa représentante en chef, Laurence Parisot.
Qui ne sont pas forcément en accord avec les priorités et revendications des petits patrons !

Edité le 02/05/2008 :
Petit bréviaire de la mondialisation, mais surtout de l’économie de marché et du capitalisme :
Les dix commandements du libéralisme mondialisé

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