Vertus de l’économie de marché et assurance maladie

Pour commencer une petite fable…
L’exemple de John D. Rockfeller, le fondateur de la Standard Oil Company (en 1870), est édifiant. Sa société, au départ, se bornait à raffiner l’or noir. Il comprit vite que le point névralgique était le transport du pétrole brut (et des produits raffinés). Il s’arrangea donc pour obtenir – secrètement, évidemment – des patrons de lignes de chemin de fer qu’ils surfacturent les expéditions de ses concurrents, une partie de cette sur-facturation étant « ristournée » à la Standard Oil. Quelques déraillements opportuns convainquirent les sociétés ferroviaires réticentes. Rockfeller pouvait alors racheter à bon compte les raffineurs au bord de la faillite. Et si cela ne suffisait pas, attaques à coups de pics et jets d’eau bouillante, voire incendie des usines, venaient à bout du concurrent récalcitrant.
En 1880, la Standard contrôlait 80 % de l’industrie américaine du raffinage.

Comment ne pas imaginer (penser ?) que ce genre de déstabilisation de la concurrence se poursuit, avec, peut-être, des moyens moins brutaux et voyants ?
Est-ce ainsi que la libre concurrence va réguler les marché ?

Mais la concurrence a d’autres vertus.
Celle en particulier d’augmenter considérablement le prix de la communication, ou, mieux dit, du marketing.
Ce qui aurait pour conséquence d’augmenter considérablement les coûts de gestion pour l’assurance maladie, par exemple.
Un exemple permet d’illustrer cette problématique : celui de l’assurance maladie. En France, cette fonction est pour l’essentiel un monopole de la Sécurité Sociale. Elle gère et rembourse une part très majoritaire des dépenses médicales des Français. Il leur en coûte 5 % de ces dépenses pour faire fonctionner la machine administrative de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Si les Français avaient le choix de s’assurer chez Axa, Alliant ou à la MGEN…, il leur en coûterait au minimum de l’ordre de 15 % des frais d’assurance maladie. Non pas parce que des assureurs privés seraient moins efficaces que la Cnam pour remplir les tâches que celle-ci assure actuellement. La productivité et la qualité de service pourraient sans doute s’en trouver un peu améliorée, même si le morcellement du marché aurait aussi des effets négatifs en termes d’efficacité. Mais il faudrait payer les multiples mailings, les campagnes de publicité, les bureaux ouverts les uns à côté des autres pour accueillir les assurés, etc.
Notre gouvernement actuel semble avoir dans l’idée de transférer de plus en plus de dépenses de santé (et n’oublions pas que cela va rapidement devenir un fléau !) vers le privé, ainsi que leurs remboursements (vers des assurances privées, et autres mutuelles).
Ce qui aurait bien sûr pour conséquence de grever certains budgets, et exclurait très certainement de plus en plus de personnes de l’accès aux soins. Avec des conséquences à moyen et long terme qui pourraient coûter très cher à l’échelle de la société !
Un souci d’économie ??? Avec une augmentation de 10 % des frais de fonctionnement ?
Quand on sait que la Sécurité Sociale finance déjà largement le marketing des Industries Pharmaceutiques.
Et que les franchises médicales ont d’ores et déjà des effets pernicieux.

Source : L’économie de marchéAlternatives Economiques – Hors Série
¤ Le besoin d’institutions – Denis Clerc
¤ Le marché est-il libéral ? – Guillaume Duval


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