Banlieues, immigration et mixité culturelle

Le Plan Banlieues de Fadela Amara ressemble une fois de plus à du saupoudrage, alors que s’occuper des banlieues et autres quartiers devient une urgence de plus en plus pressante, et que l’avenir-même de notre société dépendra du sort qui leur sera réservé, sans compassion ni commisération, mais en réduisant au maximum tout ce qu’elles et ils peuvent contenir de discriminations constitutionnelles (si elles ne l’étaient pas au départ, elles le deviennent, inexorablement).

France Inter a consacré le 21 Mai une journée à la mixité culturelle, terme fourre-tout où l’on se rend surtout compte que les échanges se font un peu à sens unique !
Et que la pensée et la culture dominantes ne laissent guère de place aux trublions des quartiers, qui pourraient pourtant se révéler les innovateurs de demain, si toutefois ils avaient un tant soit peu de marge de manoeuvre.

Il y a très certainement eu, au cours de cette journée, de nombreuses interventions intéressantes.
Sortie du boulot un peu plus tôt que prévu, j’ai eu juste le temps d’entendre Dominique Wolton (Directeur de recherches au Cnrs, Directeur de l’Institut des sciences de communication du Cnrs) faire un résumé magistral (et pourtant très simple !) de la situation, en quelques phrases (c’est moi qui souligne, et c’est pris à la volée : pardon s’il y a des erreurs !) :
D’abord, là comme ailleurs, les gens ont besoin d’un minimum de reconnaissance, de respect, de dignité. Ce qui est vraiment insupportable dans les banlieues depuis 30 ans, c’est qu’elles accumulent toutes les inégalités. [...]
On fait de la banlieue qui devrait être le lieu de lecture des problèmes de société de demain, des forces et des faiblesses de nos sociétés, on en fait ce qu’il y a de pire [...] C’est notre schéma mental qui est à l’envers [...] La banlieue c’est l’école de l’altérité, oui, et toutes nos sociétés demain gèreront l’altérité. [...] Dans les pays riches, nous n’avons aucun respect pour cet homme qui vient dans des conditions épouvantables pour travailler chez nous. Dès que vous n’avez pas le respect du pire, du plus pauvre, ça veut dire que vous mettez en chaîne toute la chaîne de la démocratie. Et c’est en cela que tous nos modèles politiques sont en retard.
Il faudrait envoyer tous les hommes politiques [et les femmes ! NDLR] qui ne sortent pas des centres villes pour aller voir ce qu’est la nécessaire cohabitation des banlieues. Et leur dire « mais toutes nos sociétés seront comme ça demain ».

La suite de l’intervention est assez intéressante aussi, sur les habitudes de recrutement en France (quelque peu sclérosées), et donc l’emploi… Interventions d’une auditrice, de Marc Cheb Sun (Fondateur et Rédacteur en Chef de « Respect Magazine« ), puis de Patrick Braouézec (Député de Seine St Denis et Président de la Communauté d’agglomérations de Plaine Commune).

Les banlieues méritent mieux qu’un plan (un de plus), et bénéficieraient sans doute davantage d’une véritable politique de la ville, qui n’en ferait plus des lieux à part, des pays, comme on dit dans les campagnes, hors de nos frontières, des ilôts aux règles internes et particulières… des endroits off.
Off services, off travail, off culture, off transports, off loisirs, off commerces… et de plus en plus off santé.
Le service minimum, eux, ils l’ont déjà !

Mais il est vrai que nous allons l’avoir tous bientôt, le service minimum, grâce à la RGPP !
Comme ça, il n’y aura plus ni discrimination, ni ségrégation !!! Enfin, sauf pour quelques privilégiés…

Merci en tout cas aux 3 (4) intervenants du Téléphone Sonne.
Un autre monde serait-il possible ?

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