Service Public, grève et service minimum…

Deux points de vue bien différents sur France Inter, le 15 Mai, jour de grève… des fonctionnaires, comme cela a souvent été résumé.
Or cette grève était initiée pour la défense et l’amélioration des Services Publics, ce qui n’est pas exactement tout à fait la même chose !
Là où la première appellation pourrait faire penser à une mobilisation catégorielle, pour la sempiternelle défense des avantages acquis, autrement dénommés par d’aucuns les privilèges, la seconde formule témoigne d’une inquiétude plus large, d’une préoccupation qui dépasse les petits soucis personnels.

Ces 2 chroniques de France Inter me paraissent témoigner de ces différences de perspectives.

Notre bon vieux Sylvestre souligne donc le statut privilégié (en reconnaissant tout de même la détérioration des conditions de travail, la baisse du pouvoir d’achat, et le manque de visibilité), et met l’accent sur le coût du service public, arguant qu’il devient insupportable pour la société toute entière.
Jean-Marc Sylvestre qui insiste: ce coût insupportable tient essentiellement à des dépenses de fonctionnement, et non d’investissement, ce qui est particulièrement vrai pour l’enseignement !!!
Parce que, bien sûr, la formation des élèves est une dépense à fonds perdus, dont on ne peut espérer aucun retour économique !
C’est avec ce genre de raisonnement qu’effectivement on peut démanteler en toute bonne conscience la recherche, l’éducation, la politique de santé publique (alors-même que les fonds privés y investissent de plus en plus…).
Je vous laisse écouter la suite, qui préconise l’application des méthodes de modernisation du privé au public, en oubliant au passage la différence des missions (voir à ce sujet La Culture du Résultat dans la Fonction Publique).
Il se régale ensuite à affirmer que les syndicats s’accrochent à la quantité, alors que les usagers s’attachent à la qualité… Simpliste et caricatural !
Jean Marc Sylvestre termine sur un chiffre honteux… et une belle coquille.
Ainsi, d’après lui (et selon Darcos), 23 000 enseignants ne font pas classe, laissant nettement entendre qu’ils sont payés à rien foutre, alors qu’il s’agit de remplaçants, de personnels détachés, et autres cas de figure plus complexes. Ceux qui, parmi ceux-là n’exercent effectivement aucune activité doivent être bien peu nombreux !
Par ailleurs, ce grand économiste fait le calcul: 23 000 sur 210 000 = un sur quatre ! Un dixième qui se transforme en quart pour argumenter les suppressions de postes, c’est tout de même fort ! (voir le rectificatif du lendemain…)

Hélène Jouan quant à elle souligne le coup politique de Xavier Darcos (puis de Nicolas Sarkozy, mais c’était après son édito), dans sa tentative de détourner l’attention de l’essentiel (sa réforme de l’enseignement), en mettant en avant une mesure hautement démagogique et volontairement polémique : le service minimum (mieux dénommé accueil dans les écoles les jours de grève).
Une nouvelle idée pour opposer entre eux les citoyens, mais surtout de faire du rabattage auprès des parents, alors que le débat sur l’école est essentiel, fondamental, et mérite bien mieux que ce retour aux fondamentaux en trompe l’oeil, et ces suppressions de postes à l’aveugle !


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