La Culture du Résultat dans la Fonction Publique

J’ai déjà commis quelques articles sur la RGPP et la soit-disant modernisation de la Fonction Publique
J’ai également émis quelques doutes sur les bénéfices de son évaluation, du moins telle qu’elle est menée !

Je ne résiste pas à l’envie de vous citer quelques extraits (c’est moi qui « grasse ») de l’analyse qu’en fait Roland Hureaux : Fonction publique : le désastre annoncé de la «culture du résultat».

A commencer par le texte introductif !
Le désossement de la fonction public au nom de l’efficacité, en plus d’être inefficace, sclérose à coup d’obsession du chiffre ce qui reste des services publics, apportant démotivation et perversion des objectifs.

l’introduction de la supposée « culture du résultat » généralisée par la «LOLF». [...] Ce terme barbare désigne la «loi organique sur les lois des finances» [...] elle institue un «pilotage par objectifs» des services fondé sur des résultats chiffrés ayant l’ambition de «mesurer la performance».
Hureaux cite quelques exemples aussi significatifs qu’absurdes de ce « pilotage » ! Un pilotage à vue, ou à l’aveugle ?

On ne saurait comparer l’activité de l’Etat dont les finalités sont multiples et dont l’efficacité ne peut se juger que par des critères complexes pas toujours quantifiables et celle d’une entreprise dont un indicateur unique, le profit , dit si elle marche bien ou mal.
Ah ?

Réduite à quelques indicateurs, l’activité d’un organisme sera infléchie en fonction de ceux-ci
… et tant pis pour les autres, plus complexes, et même s’ils sont plus essentiels…

à côté de 20% de tire-au-flanc, de toute les façons irrécupérables, culture du résultat ou pas, 80% étaient jusqu’à une date récente, des gens consciencieux et motivés qui n’avaient pas besoin d’incitations financières pour bien faire leur travail
Les chiffres me semblent pour le moins subjectifs, mais l’analyse me paraît assez juste !
J’en rajoute même un peu: il me semble que dans certains cas cette « politique du chiffre » conduit à ne plus remplir la mission première, c’est à dire le « service attendu ». Une absurdité essentielle (au sens étymologique du terme).
Là encore Hureaux fournit quelques exemples… exemplaires !

Citation plus longue (je ne vois pas où je pourrais la couper !) :
Après la «rationalisation des choix budgétaires», la déconcentration, l’évaluation, le dernier gadget à la mode est la «révision générale des politiques publiques» : des cabinets d’audit privés [voir l'exemple de Mars&Co, NDLR], très peu au fait de la culture et des spécificités du secteur public mais payés très chers, déstabilisent les uns après les autres les services en remettant systématiquement en cause leur utilité (alors qu’un décorticage empirique des procédures eut suffi à faire des économies). L’idée sommaire que l’on réforme l’administration par des fusions et des regroupements comme le monde économique se restructure par des «fusions-acquisitions» est un autre élément de déstabilisation.
Ces fusions sont pourtant la règle dans tous les domaines, la réforme de la carte judiciaire promue par Rachida Dati étant emblématique de cette démarche, mais c’est aussi ce que propose Larcher pour l’hôpital, et ce qu’Albanel subit pour la culture !

Allez, j’arrête, et vous laisse lire le reste…
Mais il serait grand temps que nos politiques et autres technocrates se penchent sérieusement sur la question, au lieu de tirer à vue, et de complexifier encore (comme le Code du Travail) des processus qu’il conviendrait au contraire de simplifier.
Pour une efficacité accrue, tant en termes de service rendu que de rentabilité, mais qui ne rime pas forcément avec des normes comptables importées de l’économie de marché !
Où l’on pourrait peut-être enfin retrouver une idée de civilisation


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