Rétention de Sûreté : appel des psychiatres

Non à la perpétuité sur ordonnance !
C’est ainsi que les premiers signataires ont nommé leur manifeste, qui est donc aussi une pétition.

Le texte est bien sûr à lire dans son intégralité, mais en voici quelques extraits, que je trouve particulièrement parlants :
Pour la première fois dans notre droit, des individus pourront être enfermés sur décision judiciaire non pour sanctionner des actes délictueux ou criminels, mais pour anticiper des actes qu’ils n’ont pas commis ! [...]
Alors que sa mission est de porter secours et de soigner, la médecine se trouve ici instrumentalisée dans une logique de surveillance et de séquestration. [...] La privation de liberté est ainsi parée des habits de la science, comme si le savoir des experts permettait de prédire les actes criminels d’une personne.
C’est une mystification et une confusion organisée des registres.
Une mystification car il est faux que l’on puisse prédire, pour un individu donné, les actes à venir. [...]
C’est une confusion que de demander à des soignants d’occuper cette place, car leur fonction, leur déontologie et leur éthique les situent du côté de la personne, ses libertés et ses contraintes, non d’un ordre public désincarné. Cette séparation fondamentale est une garantie essentielle des libertés, contre la tentation de faire le bien de chacun contre lui-même. [...]
En assimilant le crime et la maladie – ce qui est une idéologie, et non pas un fait – on déplace progressivement la gestion de la peine vers la médecine, réalisant progressivement une société de sûreté médicale.

Il est à noter que la confusion organisée des registres n’est pas l’apanage des seuls psychiatres, face à la rétention de sûreté.
Il semble en effet que ces tentations de dérives et de confusions des fonctions concernent de nombreux acteurs sociaux, fonctionnaires ou assimilés, qu’il s’agisse des assistants sociaux, des inspecteurs du travail, des employés de l’ANPE, de ceux de La Poste, des banques, etc…
Comme si la société toute entière devait devenir un énorme réservoir à dénonciations, que tout le monde devait surveiller et suspecter tout le monde.
Les diverses tentations de fichage (base élèves, questionnaire MGEN…) fleurissent par ailleurs en toutes saisons. Le fichier Edvige n’en est qu’une péripétie supplémentaire… et exemplaire !
Un Big Brother qui avance et progresse (!) rampant et masqué…

Face à ce mouvement global, il est indispensable, sain, voire vital, que les professionnels défendent et mettent en avant leur éthique et leur déontologie, et refusent les amalgames.

A lire ou relire :
¤ Non à la pénalisation du travail social !
¤ Des syndicats de fonctionnaires s’élèvent contre le contrôle social
¤ collectif alerte sociale 91


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