Les Insoumis de la Psychiatrie

J’ai relayé ici-même l’appel du collectif La Nuit Sécuritaire.
Parce que cette mobilisation, cette révolte, me font immanquablement penser à celle qu’a suscité la peine de sûreté, et à celle que suscite la réforme de la justice des mineurs.
Et que, bien sûr, elle renvoie aussi à la réforme prévue de l’hôpital, dans le cadre du projet de loi HPST.

La pétition en ligne recueille au moment où j’écris 22 489 signatures, ce qui, s’agissant de la psychiatrie, n’est déjà pas si mal.
Mais surtout, cet épisode déplorable (celui du discours de Notre Seigneur du 02/12/2008) a initié une lame de fond, de réflexion, de débats, et de rassemblement, inconnus jusque là.

Laquelle a des accents de révolte, voire d’insurrection.
C’est en tout cas le sens de ce nouvel article : NON MERCI NOUS NE VOULONS PAS DE CETTE MANNE AVILISSANTE, qui appelle à ne pas utiliser les fonds (miraculeusement ?) débloqués pour la sécurisation des établissements.

Une manne, comme ils la nomment, qui intervient alors que la psychiatrie, dont la pratique repose essentiellement sur des moyens humains (et donc coûte très cher, pour des résultats hasardeux, et en tout cas non garantis), risque elle aussi de subir une réforme qui a de fortes chances de ressembler à un rétro-pédalage, si l’on se réfère au rapport Couty (Missions et organisation de la santé mentale et de la psychiatrie).

Enfin, les professionnels manifestent leur mécontentement, voire leur incompréhension, face à la bureaucratie ambiante, qui ne tient aucun compte de la spécificité de leur(s) pratique(s).
Ceci par le biais principalement de deux procédures d’évaluation, qui l’une comme l’autre privilégient la traçabilité administrative par rapport au travail clinique et de terrain. Travail dont la matière est l’humain, et qui sera toujours difficile à objectiver !
Ces deux procédures consistent d’une part à celle de l’accréditation, et sa subséquente démarche qualité, et la mise en place de la T2A (tarification à l’activité) pour la pratique psychiatrique.
Lesquelles ont quelques difficultés à trouver un sens pour l’évaluation de ces pratiques. Mais présentent par contre le fâcheux inconvénient de prendre beaucoup de temps, aux dépens de celui consacré à la clinique.

Un mouvement salutaire donc, sans aucun doute, pour les praticiens de la psychiatrie, et par conséquent pour les malades et leurs proches.
En espérant que ce ne sera pas qu’un feu de paille !

Si vous n’avez pas encore signé la pétition, je ne peux que vous inviter à le faire : LA NUIT SECURITAIRE !

Plus d’infos :

–> sur le rapport Couty
¤ Réaction des syndicats de psychiatres au rapport “Couty”
¤ Psychiatrie : le rapport Couty inquiète
¤ Remous autour du rapport d’Edouard Couty sur la psychiatrie et la santé mentale
¤ Psychiatrie : le rapport Couty préconise une loi sur l’accompagnement des malades

–> sur la certification :
¤ Commentaire sur une visite d’accréditation d’un HDJ

–> sur la T2A :
¤ Analyse du bréviaire MEAH (Tarification à l’activité en psychiatrie, ses fondations, ses conséquences)
L’article est long, et je tenterai d’en faire un résumé…
En attendant, cette réflexion en forme de boutade (extraite du texte) à propos des bracelets électroniques (mais la réflexion va bien au-delà !), pour une nouvelle formulation du GPS :

Groupements de Police des Soins ou encore des Groupements de Psychiatrie Sécuritaire.

Un défi ?


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