Institut Gustave Roussy : un hôpital exemplaire… pour trouver des financements !

La loi HPST préconise un retour à l’équilibre budgétaire des hôpitaux, qui sont pourtant dans leur grande majorité bien mal en point de ce point de vue, asphyxiés qu’ils sont par la tarification à l’activité (T2A).
Une tarification qui devrait être bientôt généralisée à la psychiatrie

Elle prône aussi, ce qui a provoqué une levée de boucliers chez la plupart des médecins hospitaliers, un intéressement de ces praticiens.
Outre que cette proposition soulève de nombreuses questions déontologiques, les inégalités qu’elle pourrait introduire soulèveraient vraisemblablement bien d’autres problèmes de fonctionnement (et il aurait sans doute été plus judicieux de commencer par mettre à plat les inégalités déjà existantes : Rapport complet de l’IGAS sur la rémunération des médecins et chirurgiens hospitaliers)… sans compter que seuls les médecins pourraient être concernés par cet intéressement !
Et reste que l’idée même d’intéressement dans un service public paraît pour le moins paradoxale… Mais ce sont là les bienfaits de la rentabilisation, voire de la marchandisation dénoncée par certains.
Une porte ouverte à des dérives qu’il serait ensuite bien malaisé de contenir !

L’Institut Gustave Roussy, lui, devance l’appel, et n’attend même pas que la loi soit votée.
C’est ainsi qu’il met en place une idée novatrice pour trouver de nouveaux financements :
A partir de mars 2009, 100 à 150 patients payants (provenant de pays du Moyen Orient, NDLR) devraient ainsi être pris en charge par l’institut, et « rapporter » 3 millions d’Euros par an. Pour calmer les éventuels scrupules que ce type de pratique pourrait soulever, les équipes médicales se partageront un « intéressement » de 300 000 euros par an…
C’est sûr qu’à 3 millions d’euros, on ne s’encombre pas de scrupules éthiques inutiles !
Et à 2 000 € par patient (en plus de sa rémunération normale), le médecin aurait tort de se priver !
L’histoire ne dit pas à combien se monte l’intéressement de l’Assistante Sociale qui fait partie du staff…

Il convient de préciser que cet Institut est un établissement privé à but non lucratif, qui, théoriquement, remplit des missions de service public… et donc l’égal accès aux soins pour tous.
Mais il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce genre de pratique ferait florès dans l’hôpital public si la proposition de loi HPST était adoptée en l’état !

l'hôpital malade de ses lourdeurs
piqué dans Les EchosL’hôpital malade de ses lois (article dont il y aurait beaucoup à dire !)

J’ai découvert cette info grâce à Bruno (et oui, encore lui !), qui m’a amenée à aller jeter un coup d’oeil (un de plus !) sur le site Ensemble pour une Santé Solidaire pour écrire PROPOSITION DE LOI visant à abroger les franchises médicales.
Voir Hôpital Gustave Roussy : de la chaîne de l’espoir à la chaîne en or !, publié le 12/03/2009.

Lire aussi :
Le carré VIP de l’hôpital

pour mémoire :
Service Public, Santé… et Hôpital : grève le 5 Mars ?

et sur les Agences Régionales de Santé (ARS), point tout aussi important et contestable dans cette réforme que ceux concernant l’hôpital !
¤ Humeurs du 12 Mars… avant le vendredi 13 ! – ARS : du Bonapartisme Social
¤ et, malgré la conclusion très politicarde de Marcel Rogemont :

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