Le monde de l’entreprise est complexe, et la mondialisation ne contribue certes pas à sa simplification et sa lisibilité, avec son cortège de délocalisations, d’externalisations, de sous-traitances, de sociétés-écrans, et autres filiales.
J’ai dit à plusieurs reprises que je n’aime pas trop la dénomination générique de patrons, qui a tendance à les englober tous, à les mettre tous dans le même sac, à en faire une race à part, alors qu’il est bien évident qu’il y a de tout partout… même chez les patrons !
Et que certains de ceux-ci peuvent, de toute évidence, se montrer éthiques et responsables.
Tout comme certains salariés peuvent se révéler profiteurs, resquilleurs, fainéants, incompétents.
Bref, le diable n’est pas toujours du même côté ! Et le manichéisme peut difficilement être bon conseiller.
J’ai déjà relayé une démarche de réelle moralisation (ou plutôt qui pourrait le devenir !) dans l’article RSE et élections européennes : halte au hold-up !.
Une démarche qui consisterait à responsabiliser les grandes entreprises tout au long des chaînes de production et de commercialisation.
Je découvre aujourd’hui un article de Gérard Filoche (Inspecteur du Travail de son état) qui complète un peu le tableau… et aide à comprendre les positions du patronat, et en particulier le parti-pris, même des petits patrons !
Pourtant souvent les plus oubliés des aides gouvernementales en tous genres.
Filoche se livre en effet à cette analyse :
Alors que ces petits sont environ un million à employer moins de 50 salariés (lesquels représentent pourtant 8 millions d’emplois), ils ne pèsent pas lourd face aux gros… voire se font entourlouper…
D’après lui, les « petits » dépendent des « gros » : une petite entreprise sur deux n’a qu’un seul « donneur d’ordre » ou est le fruit d’une « externalisation », elle a été créée par le « gros » pour baisser les coûts, éviter les bons salaires ou une bonne convention. Ah ?
Pour limiter ces dérives, il propose un encadrement législatif, qui rejoint l’appel sus-cité (lien direct pour signer la pétition : Halte au Hold-Up) :
- Rendre le donneur d’ordre pénalement, légalement, économiquement, financièrement de tout ce qui se passe sous ses ordres, y compris avec ses sous traitants de toutes sortes.
- L’entreprise sous traitante doit être alignée, le temps de la mission sur la convention collective du donneur d’ordre, même avantages, mêmes droits. C’est un principe qui existe déjà dans le code du travail pour les CDD et intérims et, transposé à la sous-traitance, il cassera l’intérêt des marchés à moins disant social.
- Faciliter la reconnaissance par l’inspection du travail des « unités économiques et sociales », des « groupes », écartant les « essaimages », les franchises et autres entités artificielles.
Notre Seigneur (et il n’est bien évidement pas le seul !) se paie de bons mots sur la moralisation du capitalisme.
Et le décret gouvernemental pour limiter les bonus en tous genres fait sourire par sa limitation intrinsèque.
Qui pourra porter une législation qui pourrait réellement introduire un peu d’éthique dans ces toiles d’araignée entreprenariales ?
Pas d’accord avec toutes les conséquences évoquées par Filoche, mais c’est à lire : Ma petite entreprise…

Ma Petite Entreprise… – dessin de Didoune
Et l’article en lui-même, en forme de témoignage, dont est extrait le dessin, est aussi à lire !
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