Explosion du surendettement…

Un article du Monde, ainsi intitulé, Avec la crise, le surendettement des ménages explose, en date du 13 Octobre 2009, n’a pu que retenir mon attention… et réveiller ma colère !

Cet article fait en effet un état des lieux assez alarmant, en ligne directe avec ce que je soulignais déjà dans ce post : L’évolution du surendettement en France.

Mais au-delà des chiffres, et des faits, l’analyse qui en est faite me semble continuer à être fallacieuse !

D’abord, le constat :
les chiffres pour 2009 montrent que la question ne peut plus être laissée en suspens.
Il serait temps !!!

La crise économique, qui sévit depuis un an, a aggravé les difficultés financières des ménages modestes.
Certes, et de leur précarité !
Mais elle n’a pas aggravé que la situation des ménages « modestes »… Celle de presque tous, sans doute, mais en tout cas celle des « moyens », qui risquent fort de devenir « modestes » incessamment sous peu.

Entre janvier et septembre, 162 171 dossiers de surendettement ont été déposés à la Banque de France, ce qui représente une augmentation de 17 % par rapport aux neuf premiers mois de 2008.
Tous victimes d’un « accident de la vie », comme se plaisent à le répéter les organismes de crédit, et notre ministre de l’économie, Mme Lagarde ?
Je persiste à ne pas y croire !
Tous victimes d’incidents de paiement liés à un « accident de la vie », peut-être.
Mais ces foyers, dans leur grande majorité, étaient certainement en situation de surendettement, de facto, avant !
Combien en existe-t-il de semblables ?

dans chaque dossier, il y a en moyenne cinq à six crédits renouvelables
Mais ça, c’est pas nouveau !
« Ce phénomène est directement lié à la crise, précise cette source. Il n’est pas lié à une expansion du crédit mais au fait que les Français ont eu recours aux crédits renouvelables pour boucler leurs fins de mois. »
C’est trop facile d’invoquer la crise !
Combien de ménages font appel à cette « ressource », et sont sur le fil du rasoir, crise ou pas ?

Face à l’afflux de surendettés, la pression monte pour l’instauration de mesures efficaces, de nature à leur apporter des solutions de rétablissement rapides.
Chiche !

Parlant du projet de loi sur le crédit àa la consommation, la rédactrice, Anne Michel, dit ceci : Elles vont notamment simplifier la procédure de traitement du surendettement, ce qui déchargera les tribunaux.
Ce serait une bonne nouvelle !
Et en effet une bonne chose que de désengorger les tribunaux de ces procédures…
Mais ce serait encore mieux de soulager les instances judiciaires en amont, en proposant une réelle limitation de ces crédits !

Pardon Mme Anne Michel, et merci d’avoir rédigé cet article !
Mais…
Les mots ayant un sens, il est bon de les conserver…
- la « faillite personnelle » n’existe pas dans les procédures de surendettement, sauf en Alsace-Moselle… Et elle n’est pas tout à fait équivalente au Plan de rétablissement Personnel (PRP), prévu par la procédure
- Par ailleurs, les propriétaires de logement, aujourd’hui exclus de la procédure, pourront solliciter un allégement ou un effacement de créances. Les propriétaires ne sont pas, de facto, exclus de la procédure… Mais c’est un peu soumis au bon vouloir de chaque commission…

Par ailleurs, le Médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, précise :
- J’aurais aimé qu’on indique clairement quels sont les risques encourus par l’emprunteur en cas de non-remboursement
- J’aurais également souhaité que l’emprunteur soit averti en fin de contrat de sa reconduction tacite !

Si c’est lui qui le dit !

Mais j’en viens à ce qui me fait bondir :

Le crédit renouvelable peut avoir une utilité économique et sociale, notamment parce qu’il permet à des ménages modestes de financer des besoins de la vie courante. Ceux-là se feraient refuser un crédit classique, nous dit Christian Huard, président de ConsoFrance.
Mais justement, Mr le Président !
Ne vaudrait-il pas mieux rendre d’autres crédits accessibles aux « ménages modestes » ?
C’est quand-même d’une hypocrisie totale de prétendre que cela a une « utilité sociale » ! L’utilité de conduire au surendettement, du fait des taux extrêmement élevés de ces crédits ? Dont pâtissent essentiellement, justement, les « ménages modestes » ?

Mr Huard enfonce le clou, en disant que ces crédits doivent être mieux encadrés… Mais, encadrés ou pas, leurs taux resteront prohibitifs !
Et ceci : Il faut que les consommateurs aient le choix entre le paiement à crédit et au comptant continuera longtemps à être illusoire…

Après le président de la fédération Crésus (voir Point de vue sur le surendettement), voilà le président de ConsoFrance qui tient des propos sur le crédit qui ne cessent de m’étonner…

Et qui sont en parfaite contradiction avec ceux tenus par Etienne Rigal, Juge spécialiste de la consommation (Service Public – France Inter – 04/11/09) :
On est un petit peu dans un code de bonne conduite dont on connaît le peu d’effets [...]
Ce que j’attendrais d’une réforme, d’une véritable réforme, ce serait une réforme qui se pose la question de la place du crédit dans notre société. [...]
Il faut se poser la question de l’accès des plus démunis au crédit pour tous les biens de consommation qui me paraissent relever de l’insertion. [...]
L’idée du gouvernement est, par le crédit, de maintenir la consommation. Mais si on maintient la consommation avec des taux de 20%, bien évidemment on consomme moins…

Mais c’est bien sûr !!!


La réforme du crédit à la consommation – fichier RM
Service Public – France Inter – 4 Novembre 2009

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réforme du crédit à la consommation...
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