Je poursuis mon petit feuilleton sur le dialogue social, la concertation, les négociations…
J’ai déjà évoqué les réformes au sein de l’Education Nationale, menées par un Xavier Darcos autiste, qui annonce de grandes négociations… réduites à quelques discussions après que les décisions ont été prises. (Les vertus de la consultation… Les programmes et manuels de Darcos)
Xavier Bertrand, de son côté affirme clairement son point de vue : les négociations et le dialogue social, d’accord, mais c’est nous qui décidons ! (Les vertus du dialogue social… quand il n’a pas lieu ! – version Xavier Bertrand)
Décidément, ces Xavier sont de grands négociateurs… et de grands visionnaires de la démocratie !
Gérard Aschieri, Secrétaire général de la FSU (Fédération Syndicale Unitaire), et Philippe Meirieu, professeur de sciences de l’éducation, étaient les invités de la matinale de France Inter le 3 Juin, sur le thème Education nationale: vers un « lycée plus souple », peu après les annonces de Notre Seigneur concernant la réforme des lycées et la formation (et la qualification) des professeurs.
Des annonces qui surviennent apparemment sans qu’il y ait eu la moindre concertation, et qui donnent lieu à quelques interrogations, voire à quelques inquiétudes !
Qu’en sera-t-il de la qualité de notre enseignement dans quelques années ?
Quant au dialogue social, il semble bien qu’il n’y ait pas grand chose à en espérer sous ce gouvernement !
(les questions sont précédées d’un ¤, les réponses sont en italique, sachant que toutes celles précédant la vidéo sont de Gérard Aschieri)
- 3’30
¤ Vous n’avez été à aucun moment associés à cette réforme ? [celle de la formation des enseignants, ndlr]
Je peux vous dire qu’on rencontre demain le cabinet de Valérie Pécresse
¤ Donc les choses se sont faites sans les syndicats ?
Encore une fois il y a un paradoxe. Hier j’ai entendu le Président de la République. Il a commencé par de féliciter de la signature d’un accord sur le dialogue social, que la FSU a signé, mais en même temps il a fait l’éloge de toute une série de réformes qui n’ont absolument pas été concertées, qui se sont fait contre les personnels, et je ne voudrais pas que les réformes qu’il annonce pour le lycée et pour la formation des maîtres subissent le même sort…
- 6’20
¤ Sur les suppressions de postes, vous avez perdu ?
Pour l’instant, j’allais dire, on n’a pas gagné.
¤ Vous avez perdu ?
Non. Parce qu’on travaille sur la durée. Il y a cette année, et puis il y a les années suivantes. Il y a une programmation des suppressions de postes. Notre problème, c’est d’arrêter l’hémorragie. Cette bataille, on va la continuer. [...] On n’a pas suffisamment emporté la bataille de l’opinion. [...] Les français mettent au dernier rang des mesures positives la suppression de postes de fonctionnaires, c’est quelque chose qui n’est pas approuvé, loin de là. Mais il y a le sentiment qu’il n’y a pas d’autre solution.
- 7’55
¤ Habile, Xavier Darcos ?
Habile, Xavier Darcos, habile, Nicolas Sarkozy, à l’évidence. Redoutables. En même temps, je crois aux idées, et je crois à la capacité que nous avons de convaincre. Simplement, on a un vrai problème, il faut démonter un certain nombre d’argumentations. Par exemple, le Président nous dit « ça fait 20 ans qu’on met des postes, et ça ne marche pas mieux ». Faux, ça fait 6 ans qu’on supprime des postes.
- 5’30
¤ Il y aura moins d’heures de cours, sans doute ? C’est une bonne chose, ça ?
Je trouve assez paradoxal que le Président vante sans cesse le travail, et qu’ensuite il dise pour les élèves il faut moins d’heures. Qu’est ce que ça signifie ? Est-ce que ça signifie moins d’offre d’éducation ? Eh bien s’il y a moins d’offre d’éducation, les inégalités sociales on ne les résoudra pas. Elles vont au contraire s’accroître.
- début :
PM : politiquement habile, pédagogiquement catastrophique. [...] Plus que jamais la phrase de Freud est d’actualité. Freud disait qu’on envoyait les enseignants un peu comme on enverrait des gens faire une expédition polaire avec un bermuda et un filet à papillons. [...]
On casse l’outil sous prétexte qu’il ne fonctionne pas bien.
GA : il y a besoin d’améliorer et de maintenir un potentiel de formation professionnelle [dans la formation des enseignants, ndlr]
- 7’45
GA : Je pense que l’éducation nationale devrait assurer l’intégralité des enseignements. Pour ça, il y a une manière de faire, c’est d’avoir des emplois de titulaires remplaçants. Or, avec la politique de suppression d’emplois que l’on a depuis des années, ce qui a d’abord été touché, ce sont les emplois de titulaires remplaçants.
¤ et concernant l’Agence des Remplacements ?
GA : Je crains que ça n’ait d’abord comme résultat de substituer des non-enseignants pour faire des remplacements.
PM : voire des non-fonctionnaires. [...] Je considère que nous sommes devant l’idée que le Service Public aujourd’hui ne remplissant pas ses missions, plutôt que d’aider le Service Public à remplir ses missions, on dévolue à du privé de quoi en quelque sorte pallier les difficultés et les insuffisances du Service Public. C’est une politique cohérente.
- 8’40
¤ Finie la co-gestion syndicats – ministres ?
GA : La co-gestion n’a jamais existé. Il y a eu des périodes de concertation plus ou moins forte, où les ministres ont tenus plus ou moins compte du fait que leurs interlocuteurs étaient représentatifs. [...] C’est ça qui a disparu. C’est maintenant un ministre qui dit : « j’ai décidé, et je vais discuter avec vous de la manière d’appliquer ». Or il n’y a pas de bonne réforme si elle n’est pas admise, comprise, par les personnels qui sont censés l’appliquer.
- 9’30
¤ Question d’une auditrice : Je voudrais signaler une situation schizophrène dans l’éducation nationale : d’une part [Nicolas Sarkozy] souhaite renforcer le rôle des syndicats, et il n’y a aucune consultation. [...] Il souhaite augmenter la qualification des professeurs, mais par Internet, toutes les académies de France embauchent des personnels remplaçants sans validation de leur qualification.
PM : Il y aura moins de professeurs titulaires, et on recrutera plus massivement des professeurs moins formés, et des professeurs à statut précaire.
Et il est bien clair qu’il était bien plus urgent de mettre en place un service minimum… qui risque fort de devenir la règle à l’éducation nationale !
- 12’30
GA : On a un propos du Président de la République qui est assez général, qui laisse deviner des orientations, puis on a, à travers la presse, des articles qui nous disent ça va se passer comme ça. Et nous, on ne sait rien. On n’a ouvert aucune discussion.
¤ Et donc il n’y a plus de dialogue social aujourd’hui au ministère de l’éducation nationale ?
GA : effectivement, on est dans une période de disette.
PM : On assiste dans l’Education Nationale [...] à une politique de l’annonce, c’est à dire que ce qui est annoncé frappe l’opinion. [...] Ensuite il va y avoir des fonctionnaires qui vont prendre le bout de la pelote, qui vont dévider la pelote. Et ça, c’est dans l’invisible. [...] Et les conséquences de ça [...] tout ça personne ne le voit. On va garder l’effet d’annonce, [...] et derrière des fonctionnaires bidouillent pour que les dégâts soient le moins grands possibles.
- 14’25
PM : Il risque d’y avoir une vraie coupure entre la sociologie des enseignants et la sociologie des élèves.
- 15’50
GA : On n’est pas contre toute réforme, on demande à pouvoir discuter au préalable des réformes, parce qu’on a des propositions, on a des idées.. [...] supprimer des postes, ce n’est pas une réforme.
- 16’30
GA : La question du débat public est une question fondamentale. [...] Les Services Publics sont une richesse, défendons-là !
- 17’50
GA : On veut discuter pour être entendu, pas pour la forme.
Voeu pieux ?
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