Tribulations d’une passagère de la SNCF

Non, il ne s’agit pas de faire un nième article dénonçant les dysfonctionnements de la SNCF… même si ceux-ci semblent se multiplier.
Ni de se plaindre sur la faible qualité de l’information qu’ils délivrent, ou de son inadaptation.
Je profite cependant de cet article pour dire que fréquentant régulièrement le site TER-SNCF, je trouve très compliqué d’y trouver un horaire clairement présenté, sans qu’il me raconte le temps que je vais mettre à pied pour rejoindre le centre ville ! Information subsidiaire, qui pourrait effectivement être proposée en option, mais qui n’a pas grand intérêt en tant que telle, alors que c’est un parcours du combattant pour trouver les fiches horaires complètes !

Mais bref !
Je voulais juste vous raconter mon aventure d’hier… et d’en tirer quelques réflexions et remarques…

Hier, donc, je suis allée accompagner ma tante, venue séjourner chez moi quelques jours pour voir Ama et Nesca.
Ma tante a 71 ans (j’espère qu’elle ne m’en voudra pas de cette révélation publique !). Elle se porte fort bien, mais est un peu handicapée par les suites d’une fracture à l’épaule. Je signale ce détail, parce qu’il en rajoute à mes observations, mais sur le fond, à vrai dire, il ne change pas grand chose !

Premier constat (déjà remarqué quand j’étais allée la chercher à son arrivée) : pour accéder au quai, et donc au train, il faut monter une trentaine (j’ai pas compté, hein, c’est à la volée !) de marches, emprunter une passerelle (exposée au vent et à la pluie, et je vous assure qu’hier ce n’était pas une sinécure), et descendre autant de marches. Ouf, sur le quai, il y a des abris !
Vous vous demandez sans doute pourquoi j’insiste sur ces détails, qui n’ont rien d’extraordinaire.
Eh bien j’y insiste tout simplement parce que j’ai pleinement réalisé hier qu’à l’heure où tout un chacun est muni d’une valise à roulettes, il se trouve dans l’impossibilité de l’utiliser dans une gare ! Pas facile, les roulettes, pour monter ou descendre des marches… La seule solution serait de voyager sans bagage.
J’y insiste ensuite parce que je me suis demandé comment faisaient les personnes un tant soit peu affaiblies ou handicapées, voire cardiaques, pour prendre le train dans ces conditions, avec ou sans bagages !
Vous avez dit service public ?

Ma tante était très contente de son voyage aller dans le TER. Tout beau, tout neuf, bien conçu et confortable.
Celui du retour était nettement moins reluisant, et bondé.
J’y suis entrée, pour lui monter sa valise.
Il y avait bien encore quelques places… mais elles étaient occupées… par des valises ! Bien sûr, il n’y avait plus de places dans les bacs en hauteur (et, sérieusement, même s’il en était resté, je n’aurais en aucun cas pu y élever celle de ma tante).
Des gens se sont cependant arrangés pour qu’elle ait une place, et dans le bazar ambiant (ma tante avit une place, mais n’était pas installée, et ne savait que faire de sa valise), je me suis dirigée vers la sortie pour descendre du train.
Le sas était plus qu’encombré, parce que, bien sûr, ma tante n’était pas la seule à galérer, et je n’ai pu descendre avant le démarrage du train. Lequel, d’ailleurs, n’a pas été le moins du monde annoncé (vous savez, le genre « attention à la fermeture des portières… »). Et s’il y a eu un coup de sifflet, il est à parier que le brouhaha ambiant l’ait rendu inaudible.
J’ai tenté, en plongeant mon bras entre les autres passagers, de tirer la sonnette d’alarme. Cela n’a pas réussi, et une des passagères m’a fortement déconseillé d’insister. N’étant pas du tout une habituée du train depuis fort longtemps (les horaires, je les consulte pour ceux qui veulent venir jusque chez moi), je lui ai obéi.

Me voilà donc dans un train sans titre de transport, sans téléphone portable, sans argent, et sans savoir le temps que va pouvoir prendre cette aventure !
Une dame installée dans le sas, après avoir commenté le fait que je ne faisais pas un scandale (à quoi cela aurait-il bien pu servir ?), m’a très pertinemment demandé si je n’avais pas un bébé en pleurs qui m’attendait chez moi… Heureusement, non ! Mais quelqu’un m’attend en effet, et risque fort de s’inquiéter. Et je crois que s’il y avait vraiment eu un bébé chez moi, j’aurais insisté pour tirer la sonnette d’alarme !!!!

Faisant contre mauvaise fortune bonne humeur, nous essayons de plaisanter avec ma tante… qui est cependant bien embêtée par la situation !
Et la question reste entière de comment je vais bien pouvoir revenir à la gare de départ !

Coup de bol : arrivées à destination, nous remarquons que le train repart en sens inverse 7 minutes plus tard.
Pas le temps cependant d’aller au guichet expliquer ma situation, et aucun contrôleur en vue.
Ma tante ayant une correspondance, je prends le temps de descendre sa valise (dans cette gare-là les passerelles sont sous terre !), en lui souhaitant bonne chance pour que quelqu’un l’aide à la monter pour accéder au quai de son autre train. Je n’ai pas eu de nouvelles depuis… un ange gardien quelconque a dû faire l’affaire !

Quant à moi, je remonte sur mon quai, regarde à nouveau si je ne vois pas un contrôleur, et finis par monter dans le train (avant qu’il ne démarre !). Advienne que pourra !
Avant le départ, une voix sympathique nous annonce via le haut-parleur (inexistant(e) à l’aller, la voix comme le haut-parleur) le départ, et nous précise qu’il faut être muni d’un titre de transport pour voyager dans ce train… Je me lève : aucun contrôleur à l’horizon. Et impossible d’accéder aux autres wagons. Je me rassieds donc, et attends… A vrai dire en priant pour que le contrôleur ne vienne pas avant que je descende !

Mais contrairement à l’aller, le tortillard (ce n’est pas péjoratif, et heureusement que ça existe encore un peu !) s’arrête vraiment dans toutes les gares… et le contrôleur finit par arriver !
Je lui explique donc ma situation. « Mais, Madame, vous auriez dû venir me raconter tout ça avant ». Je passe sur les détails, et je veux bien admettre que je ne l’aie pas vu, puisque lui-même m’affirme qu’il était sur le quai.
Conclusion : « … mais la prochaine fois… ». Mais Monsieur, j’espère bien qu’il n’y aura pas de prochaine fois !!!

Résultat des courses, et du voyage imprévu : 1h30 de train gratis, dont je me serais bien passé !

Cette histoire tient bien sûr de l’anecdote, et je n’en fais pas du tout un plat.
Reste qu’elle pose de nombreuses questions sur l’égal accès pour tous aux services publics, comme le faisait mon article sur la Caisse d’Epargne… et ne parlons pas de celui aux soins ou à la justice, à l’éducation ou à la poste.

Mais il faut croire que le PDG de la SNCF n’a jamais pris un TER, que celui de la Caisse d’Epargne (et autres banques, je n’ai rien en particulier contre la Caisse d’Epargne, d’autant que je tire mon chapeau aux derniers conseillers auxquels j’ai eu affaire pour Ama !) n’a jamais eu maille à partir avec un petit vieux incapable de se servir de sa carte, que celui de La Poste fonctionne par courriel, et se soucie peu d’avoir un recommandé à poster à 20 km de chez lui, et que nous ne reviendrons pas sur les péripéties de Darcos !
Et je passe sur tous les centraux téléphoniques, qui restent inutilisables, et très chers, pour un grand nombre d’entre nous.

Reste qu’à force de raisonner économies, c’est toute une frange de la population qui est mise sur le bas-côté. Et qu’au final, cela doit coûter très cher !!! Humainement, bien sûr, mais même et y compris en termes économiques…
C’est ça, la civilisation ?

Une occasion en tout cas de signaler cette pétition : Pour la défense de nos droits constitutionnels, chacun doit prendre ses responsabilités : travail, santé, éducation, services publics
… même si je ne suis pas accro de la terminologie et de la phraséologie…

Allez, on attend le prochain Noël :

les cadeaux de la SNCF
piqué sur e-news

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