Petites phrases : ALD et mutuelles – Dockers – démocratie sociale

Vous êtes un fan de la petite phrase, percutante, assassine, en forme de slogan ?
Vous vous précipitez donc sur ce titre… et vous faites fausse route !

Je voudrais ici faire un petit inventaire (malheureusement non exhaustif !) de phrases qui ont tendance à passer inaperçues, et qui ne sont qu’insuffisamment soumises au scalpel de l’analyse.
Des petites phrases dont la portée, pourtant, dépasse largement celle de l’effet d’annonce !!!

ALD, déremboursements, mutuellestemps de travaildialogue social et démocratie
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¤ L’assurance-maladie préconise un plan de redressement de 3 milliards d’euros en 2009 :
Sur le sujet brûlant d’actualité d’abord, concernant le plan Van Roekeghem (sur la commande d’Eric Woerth) au sujet des ALD, et le déremboursement possible de certains médicaments dits de confort, mais aussi l’exclusion de certaines maladies de la liste des Affections de Longue Durée reconnues…
Après le tollé soulevé par les propositions du directeur de la CNAM, même au sein de la majorité, Mme Bachelot nous assure qu’elle tient à ce que les malades en ALD continuent à être remboursés à 100 %… en précisant que les mutuelles doivent jouer leur rôle, et que cela n’entraînerait pas une hausse de leurs tarifs, puisque parallèlement le prix des médicaments va diminuer… (Journal 20h – France 2 – 24/06/2008 — cité dans le journal de 7h du 25/06/2008 de France Inter — et cité de mémoire…).
Deux remarques :
- Le remboursement à 100 % évoqué par Roselyne Bachelot est fait pour rassurer. Sauf que si ce remboursement est transféré vers les mutuelles, 8 % de français y échapperont… parmi lesquels de nombreux malades en ALD !
- L’argument de la non-augmentation des tarifs des mutuelles et autres assurances privées laisse quant à lui rêveur ! Si en effet le transfert des ces nouvelles charges vers les mutuelles doit être une opération blanche, cela signifie que si l’Assurance Maladie continuait à rembourser comme auparavant, cela lui coûterait moins cher… cherchez l’erreur !
Une troisième qui me semble plus pernicieuse.
L’idée de l’assurance-maladie de proposer elle-même des contrats spécifiques à ces personnes [ne bénéficiant pas d'une mutuelle, ndlr].
Comment mieux dire que l’on se dirige vers un système privilégiant de plus en plus un marché concurrentiel de l’assurance maladie… auquel participerait même la Sécurité Sociale ???
L’idée fondatrice, celle de solidarité, de la Sécurité Sociale est bel et bien battue en brèche !

Sur ce sujet, enfin, une précision : les déremboursements ont fait beaucoup réagir. Mais la mesure la plus grave (parce qu’aux incidences encore plus importantes à long terme) me semble être celle de restreindre la liste des ALD…

Voir aussi : Vers la hausse des déremboursements

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¤ Temps de travail :
On entend à peu près tout et n’importe quoi sur le sujet, les 35 heures étant bien évidemment les principales responsables de la panne économique de la France… parce que, bien sûr, les français ne travaillent pas assez !
Et à ce jeu-là, tous les coups sont permis… y compris les plus énormes énormités !
Merci à Christian d’en avoir souligné une (il doit y en avoir bien d’autres…) : Grutiers marseillais : petit problème de chiffres. Parce que figurez-vous que les dockers français travaillent 2 fois moins que ceux de Barcelone… ce qui est totalement faux, et littéralement impossible !

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La Démocratie Sociale :
J’ai déjà évoqué l’idée que se fait Xavier Bertrand du dialogue social… qui semble n’être à ses yeux qu’un pis-aller, et lui servir de caution, voire de pré-texte.
Lu cette petite phrase dans Les Echos (Curieuse démocratie sociale) : Ce faisant, le gouvernement a choisi d’empocher une victoire politique à court terme sur les 35 heures des années Jospin, plutôt que de donner toutes ses chances à une tentative de rénover la négociation collective dans ce pays. [...] Mais la confiance de responsables syndicaux courageux aura été trompée, ce qui est toujours un calcul risqué à long terme.
Ah bon ?
Valérie Pécresse a quant à elle enfoncé le clou des vertus du dialogue et de la négociation (après Bertrand, donc, mais aussi Darcos et Waulquiez), en affirmant à propos de la réforme du CNRS que la discussion était ouverte et le dialogue permis… concernant la mise en application d’une réforme faite sans aucune concertation !
Entre ceux qui ne négocient rien, ceux qui discutent seulement après, et ceux qui se prévalent d’un accord entre partenaires sociaux pour imposer leur volonté, la démocratie sociale en prend quand-même un sérieux coup dans l’aile !
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Les petites phrases ne sont pas que des aphorismes…
« Perdues » au milieu de longues diatribes ou de longs discours, elles en disent souvent bien plus sur les idées fondatrices que le discours lui-même.
Le travail des journalistes devrait consister à les décortiquer… pour que les citoyens soient un tant soit peu informés.
Au lieu de quoi, ils se contentent, bien souvent, de servir d’écho…


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